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L’Orchestre du Capitole de Toulouse enregistre Saint-Saëns - Le Palazzetto Bru Zane perd une Carmélite, mais gagne une Princesse
En novembre dernier, l’intégrale de Psyché d’Ambroise Thomas avait dû céder la place à un enregistrement plus « Covid-compatible » : des mélodies avec orchestre de Massenet, par les principaux chanteurs de la distribution de Psyché.
En décembre, Déjanire de Saint-Saëns aurait dû être ressuscité à Munich, mais il s’est avéré impossible de donner en concert et d’enregistrer une œuvre exigeant un grand orchestre et un chœur. Dans un tout autre genre, Passionnément de Messager s’y est donc substitué.
Le Voyage dans la lune n’a pu être donné qu’à huis-clos à Montpellier ; on espère que la tournée finira par pouvoir démarrer, et l’enregistrement aura lieu, après l’énorme travail éditorial accompli (deux ans de relecture et de recherche sur les différentes sources pour retrouver autant que possible l’orchestration originale d’Offenbach).
Un nouveau récital de Véronique Gens devait être enregistré, sous le titre « Reines », avec une avalanche de raretés absolues, mais à cause des contraintes limitant les effectifs, l’orchestre de la Radio Bavaroise a dû renoncer à projet. Il a fallu trouver in extremis un remplacement, tout aussi inédit bien sûr. Alexandre Dratwicki a alors eu l’idée de poursuivre le filon des mélodies avec orchestre, de Chausson, Fauré, Franck, Massenet, Gounod, Dubois… Véronique Gens a donc appris 28 mélodies en trois semaines, qu’elle a enregistrées avec l’Orchestre de chambre de Paris mené par Hervé Niquet.
A l’Opéra de Bordeaux, V’lan dans l’œil de Hervé a failli passer à la trappe lorsqu’un cas Covid a été découvert : le spectacle a été décalé d’une semaine, mais il a pu être capté, grâce à l’engagement de toutes les équipes bordelaises.
Devait ensuite venir l’enregistrement d’un deuxième récital de Jodie Devos chez Alpha : après Offenbach colorature, la soprano belge a imaginé un programme autour de sa compatriote Marie Cabel (1827-1885), créatrice entre autres des rôles de Dinorah dans Le Pardon de Ploërmel et de Philine dans Mignon. Laurent Campellone, qui devait diriger le Brussels Philharmonic pour ce disque, a fait une chute et s’est cassé le bras. Pierre Bleuse a accepté de le remplacer. Alors que les restrictions se durcissaient en Belgique, l’enregistrement a malgré tout eu lieu. Un miracle supplémentaire, dit Alexandre Dratwicki.
On en arrive à La Carmélite de Reynaldo Hahn, qui devait au départ être donnée à Toulouse en mars 2020. Après cette première annulation, l’œuvre avait été reprogrammée ce 13 février 2021. Mais devant l’ampleur des effectifs nécessaires – grand orchestre, chœur d’enfants, chœur de 66 chanteurs, 18 solistes… – il a fallu renoncer, là encore. Pourtant, l’Orchestre du Capitole de Toulouse était déterminé à collaborer avec le Palazzetto, à condition de trouver une solution de substitution. Comme un diptyque associant Djamileh à La Princesse jaune était prévu à Tours, avec la participation éditoriale du PBZ, Alexandre Dratwicki a songé qu’en cette année de centenaire Saint-Saëns, l’occasion se présentait d’enregistrer une bonne version de cette Princesse, avec deux des artistes prévus pour La Carmélite. Et en complément de programme, avec quelques autres solistes, l’idée est venue d’enregistrer les Mélodies persanes du même compositeur, également dans leur version orchestrée. Résultat : sous la direction du chef britannique Leo Hussain (photo), Judith van Wanroij et Mathias Vidal seront Kornélis et Léna dans La Princesse jaune (1872), superbe opéra-comique cultivant un exotisme japonisant, tandis qu’Anaïs Constans, Axelle Fanyo, Eléonore Pancrazi, Artavazd Sargsyan, Philippe Estèphe et Jérôme Boutillier se partagent les six mélodies tout aussi orientalistes.
Mais ce n’est pas tout : la semaine prochaine, le Palazzetto enregistre à Paris La Fille de Madame Angot, tout en gardant l’espoir de pouvoir donner le chef-d’œuvre de Lecocq en concert fin juin, avec une distribution réunissant Anne-Catherine Gillet, Véronique Gens, Mathias Vidal, Artavazd Sargysan, Matthieu Lécroart, Ingrid Perruche, Flannan Obé… Rien n’arrête donc le PBZ, et c’est une excellente nouvelle, en ce moment où elles sont rares.
Laurent Bury
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