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« En attendant J. Sebastian Bach » par Odile Edouard (Ed. de la matrice)/ Le Disque de la Semaine – Le sens de l’archet – Compte-rendu
Par-delà cette cible, tous les mélomanes trouveront leur bonheur dans un enregistrement synonyme de voyage. Voyage dans l’histoire de la musique d’abord puisque, du méconnu Thomas Baltzar (1631-1663) à Georg Philipp Telemann, Odile Edouard explore des ouvrages pour violon solo antérieurs ou contemporains de Jean-Sébastien Bach. Voyage dans la géographie aussi, les parcours des divers compositeurs traçant des lignes entre Naples et Londres, Venise et Dresde, Weimar, Lübeck ou Salzbourg
Reste que le plus beau voyage est celui auquel nous convie l’archet de la violoniste – le prélude de la Suite pour violon seul de Baltzar qui ouvre le disque happe littéralement l’oreille et l’entraîne dans de savantes géométries sonores. L’archet ? Les archets faut-il plutôt dire. En parfaite connaisseuse de la lutherie et de l’achèterie, Odile Edouard fait usage de cinq archets de modèles et de bois différents afin de correspondre au mieux à l’esprit et à la rhétorique de chacune des pages choisies. Le résultat s’avère d’une infinie poésie, la clarté du déploiement des architectures allant de pair avec un profond sens du chant qui ôte toute aridité à la musique et ouvre de merveilleux espaces à l’imagination.
Odile Bernard ne fait pas de la musique baroque, elle fait de la musique, tout simplement ! On cède immanquablement au rayonnement qu’elle apporte à la géniale Passacaglia issue des Sonates du Rosaire de Biber, à l'allure radieuse de son Matteis(Passaggio roto e fantasia), aux inflexions humaines, amicales même, à la liberté qu’elle cultive dans la 4e Suite de Johann Paul von Westhoff (1656-1705). Vrai bonheur aussi que son exploration de la musique Johann Joseph Vilsmayr (1663-1722), à la polyphonie très savante, ou encore celle du fascinant et mystérieux labyrinthe que constitue la vaste Sonate pour violon sans basse de Johann Georg Pisendel (1687-1755). Le « En attendant J. Sebastian Bach » d’Odile Bernard se referme sur une Fantaisie de Telemann menée autant sensibilité que de relief. Se referme « officiellement », car aux 24 plages annoncées sur la tracklist s’en ajoute une 25e ... Vous n’aurez pas attendu Bach en vain ! On vous laisse la surprise de l’apparition de la plus célèbre pièce pour violon solo du Cantor. Elle ne prend que plus de sens et de force au terme d’un original et prenant périple musical.
Alain Cochard
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