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Alice de Philip Glass (création mondiale) par le Ballet de l’Opéra national du Rhin – Sous le charme – Compte-rendu
Alice de Philip Glass (création mondiale) par le Ballet de l’Opéra national du Rhin – Sous le charme – Compte-rendu
Evidemment tout en haut, comme un phare, le nom de Philip Glass pour une production de style inhabituel au Ballet du Rhin : Alice, d’après le célébrissime Alice au Pays des merveilles de Lewis Caroll. Le nom du compositeur vedette, aujourd’hui âgé de 85 ans, est certes une accroche qui fait mouche. En fait, ce n’est pas exactement une commande du Ballet de l’Opéra du Rhin que Bruno Bouché a passée au grand Américain, mais le fruit d’une aventure commune avec deux chorégraphes inventifs, l’Iranien Amir Hosseinpour, réfugié en occident il y a une trentaine d’années, et le Britannique Jonathan Lunn, danseur et metteur en scène.
Tous deux rêvaient d’une Alice, dont le thème avait déjà été traité plusieurs fois au ballet, car il est riche d’images fortes et mobiles, tous deux avaient rencontré Philip Glass, lequel, séduit par le projet, leur fournit quelques mesures qui les enchantèrent. Le reste suivit, et Bruno Bouché, qui connaissait les compères, leur confia la scène de l’Opéra du Rhin pour une aventure plus que spéciale.
Tous deux rêvaient d’une Alice, dont le thème avait déjà été traité plusieurs fois au ballet, car il est riche d’images fortes et mobiles, tous deux avaient rencontré Philip Glass, lequel, séduit par le projet, leur fournit quelques mesures qui les enchantèrent. Le reste suivit, et Bruno Bouché, qui connaissait les compères, leur confia la scène de l’Opéra du Rhin pour une aventure plus que spéciale.
© Agathe Poupeney
Voici donc, croqué à coups de tableaux farfelus, comme il se doit, ce conte dont la bizarrerie a toujours troublé, loin des contes habituels, parfois enchanteurs, souvent affreux mais finissant sur une morale salvatrice. Au cinéma, Walt Disney le traita d’ailleurs d’une façon plus dérangeante qu’à son ordinaire. Là, sur une scénographie qui enchante, avec de magnifiques lumières et d’habiles projections qui donnent le tournis, conçues par Fabrice Kebour et David Haneke, on plonge dans le bizarre avec bonheur, un bizarre que font évoluer les cinq Alice dont les silhouettes s’entrecroisent, de l’enfant à l’âge plus qu’adulte, tandis que sont égrenées quelques belles phrases poétiques. Le tout entre les célèbres personnages de l’histoire, le Chapelier fou, le Lapin blanc, le Chat du Cheshire et surtout la Reine-irrésistible Dongting Xing en Elisabeth II, sac à main vissé et corgi chéri en projection. Dans les costumes pétillants d’Anne-Marie Legenstein, et incarnés avec une jubilation évidente par les danseurs du ballet rhénan, tous sont campés avec une vigueur dramatique et cocasse irrésistibles. La chorégraphie, finalement assez peu provocante, malgré la volonté contemporaine affirmée des deux créateurs, propose même de brillants pas de deux presque classiques, des ensembles des plus ordonnés, comme si la mainmise de l’histoire, pour farfelue et illogique qu’elle soit, cadrait les mouvements.
Voici donc, croqué à coups de tableaux farfelus, comme il se doit, ce conte dont la bizarrerie a toujours troublé, loin des contes habituels, parfois enchanteurs, souvent affreux mais finissant sur une morale salvatrice. Au cinéma, Walt Disney le traita d’ailleurs d’une façon plus dérangeante qu’à son ordinaire. Là, sur une scénographie qui enchante, avec de magnifiques lumières et d’habiles projections qui donnent le tournis, conçues par Fabrice Kebour et David Haneke, on plonge dans le bizarre avec bonheur, un bizarre que font évoluer les cinq Alice dont les silhouettes s’entrecroisent, de l’enfant à l’âge plus qu’adulte, tandis que sont égrenées quelques belles phrases poétiques. Le tout entre les célèbres personnages de l’histoire, le Chapelier fou, le Lapin blanc, le Chat du Cheshire et surtout la Reine-irrésistible Dongting Xing en Elisabeth II, sac à main vissé et corgi chéri en projection. Dans les costumes pétillants d’Anne-Marie Legenstein, et incarnés avec une jubilation évidente par les danseurs du ballet rhénan, tous sont campés avec une vigueur dramatique et cocasse irrésistibles. La chorégraphie, finalement assez peu provocante, malgré la volonté contemporaine affirmée des deux créateurs, propose même de brillants pas de deux presque classiques, des ensembles des plus ordonnés, comme si la mainmise de l’histoire, pour farfelue et illogique qu’elle soit, cadrait les mouvements.
© Agathe Poupeney
Le tout, finissant sous le sourire énigmatique du chat, projeté de façon envahissante, laisse sur une impression de drôlerie charmeuse, sans le caractère légèrement malsain de ce conte déstabilisant, fait de miettes et de morceaux , et qui, bien qu’écrit pour une petite fille, n’est pas vraiment pour les enfants. Curieusement, entre les mains de créateurs contemporains, habitués à oser bien davantage, il acquiert une sorte d’équilibre dans le tourbillon, et de grâce sans doute due à la musique de Glass, fidèle à son style de toujours : ondulante et doucement possessive, elle agit comme un flux et un reflux, avec des vagues qui la parcourent et la soulèvent périodiquement, et la font un peu gronder, mais sans créer d’ambiance vraiment dérangeante.
Le tout, finissant sous le sourire énigmatique du chat, projeté de façon envahissante, laisse sur une impression de drôlerie charmeuse, sans le caractère légèrement malsain de ce conte déstabilisant, fait de miettes et de morceaux , et qui, bien qu’écrit pour une petite fille, n’est pas vraiment pour les enfants. Curieusement, entre les mains de créateurs contemporains, habitués à oser bien davantage, il acquiert une sorte d’équilibre dans le tourbillon, et de grâce sans doute due à la musique de Glass, fidèle à son style de toujours : ondulante et doucement possessive, elle agit comme un flux et un reflux, avec des vagues qui la parcourent et la soulèvent périodiquement, et la font un peu gronder, mais sans créer d’ambiance vraiment dérangeante.
Karen Kamensek © Yossi Zwecker
Conduite par Karen Kamensek qui s’y baigne avec bonheur, tout comme l’Orchestre symphonique de Mulhouse, à la fois immobile et mouvante, elle nous berce finement, comme si une douce voix rassemblait les morceaux de cette mosaïque sans queue ni tête. Pour une histoire aussi malignement provocante, sans doute attendait-on un climat plus acide, comme la Cendrillon de Prokofiev, où le sarcasme se mêle au rêve. Mais le charme opère, et c’est l’essentiel !
Jacqueline Thuilleux
Philip Glass : Alice (chor. A. Hosseinpour & J. Lunn) – Strasbourg, 18 février ; prochaines représentations, les 22 et 23 février 2022 // https://www.operanationaldurhin.eu/fr/spectacles/saison-2021-2022/dance/alice
Photo © Agathe Poupeney
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