Les années passent et le moment est venu pour le Festival de Saintes de souffler ses cinquante bougies. C’est à Alain Paquier qu’on doit d’avoir lancé en 1972 une manifestation qui a très tôt fait référence en matière de baroque et d’interprétation historiquement informée. L’édition des 50 ans prend d’autant plus de signification qu’elle correspond à la dernière que signe Stephan Maciejewski, directeur artistique depuis vingt-cinq ans : un cru 2022 riche et fidèle à la politique d’ouverture qu’il a depuis longtemps mise en place.
 

Trio Zerline © Sebastien Jourdan
 
Du baroque au XXe siècle
 
La musique des XVIIe et XVIIIe siècles se taille une fois de plus une place de choix : de la viole de Lucile Boulanger au clavecin de Pierre Hantaï, des Correspondances de Sébastien Daucé aux Surprises de Louis Noël Bestion de Camboulas, des Incogniti d’Amandine Beyer à l’ensemble Près de votre oreille de Robin Pharo, ou encore de L’Escadron Volant de la Reine à Graindelavoix, les férus de ce répertoire sont gâtés.
Du Rossini et du Mercadante lors du concert d’ouverture par le Jeune Orchestre de l’Abbaye mené par Alexis Kossenko, des valses de Strauss et des danses hongroises de Brahms par l’Orchestre de Champs-Elysées et Philippe Herreweghe lors de la soirée de clôture : les concerts encadrant l’édition 2022 rappellent toutefois que la manifestation ne se réduit pas au baroque, loin de là.  Du 16 au 23 juillet, on y écoutera aussi beaucoup de pages de l’époque classique, du XIXe siècle (dont un très attendu Stabat Mater de Dvorak par la Compagnie La Tempête de Simon-Pierre Bestion, photo) ou du XXe siècle (on relève un programme Stravinski, Pärt, Ives par Ars Nova). Les partitions autres que baroques seront en outre très présentes lors des concerts de la série « Place aux Jeunes Musiciens ! » (à 16h30, du 17 au 22/07), avec par exemple Dubois, Bax et Debussy par le Trio Zerline, Pierné, Absil, Jongen et Tournier par le quintette à vent Le bateau ivre, ou encore Beethoven et Saint-Saëns par l’Aralia Trio.
 
Nouvelle géographie
 
Il convient enfin de noter dans l’édition 2022, un changement dans la géographie des lieux d’un événement qui a pu par le passé pécher par excès de concentration et prendre l’allure d’un « festival de l’Abbaye aux Dames » en manquant de présence dans le reste de la ville. La tendance s’inverse totalement cette année : si l’Abbatiale continue d’être fréquentée pour les concerts de 13h et, parfois, de 22h30, la Cathédrale St-Pierre s’impose comme le haut lieu de la manifestation en accueillant tous les concerts de 20h entre le 17 et le 22 juillet. On note aussi la place importante (4 concerts) de l’église St-Vivien pour les rendez-vous de 22h30, tandis que Le Silo, une ancienne coopérative agricole, offre son cadre inattendu aux concerts jeunes interprètes de 16h30. Et pour mieux affirmer ce changement de géographie, c’est au Gallia Théâtre que l’Orchestre de l’Abbaye, Alexis Kossenko et la mezzo Alix Le Saux offriront le concert inaugural du 16 juillet.
 
Alain Cochard