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« Gala Belle Epoque » de l’Orchestre de chambre de Paris / Festival Palazzetto Bru Zane 2024 – Et soudain, les fées ... – Compte-rendu
Debussy, Massenet, La Tombelle, Bonis, Dubois, Saint-Saëns : un programme PBZ pur sucre attend les auditeurs lors du concert de clôture du 11e Festival parisien du Centre de Musique romantique française. Mais c’est par Mahler et l’Urlicht de la 2e Symphonie que la soirée commence ; pièce choisie par Marie-Nicole Lemieux, bouleversée par la disparition de Jodie Devos, pour rendre hommage à sa collègue. Grand moment d’émotion (Marine Thoreau La Salle est au piano), suivi par l’hommage de l’OCP à la soprano belge : la Pavane pour une infante défunte, finement conduite par Fabien Gabel. Six ans après un magnifique concert à la tête de l’Orchestre de Paris, inscrit dans le cadre du 6e Festival Bru Zane Paris, le chef montre une nouvelle fois son rapport absolument naturel et immédiat avec le répertoire français. Qu’on aimerait l’entendre plus souvent chez nous ... Après Fauré, son sens de la couleur, son aptitude à faire vibrer les timbres s’illustrent dans le Clair de lune de Debussy (tiré de la Suite bergamasque, orchestrée par André Caplet en 1911). Un « tube » de notre répertoire, avant deux raretés ...
© Bertrand Pichène
Un Massenet expérimentateur
Composition étonnante, mêlant chant, mélodrame et déclamation, le Expressions lyriques (1909-1911) révèlent un Massenet expérimentateur, attaché à faire passer la profonde mélancolie qui habite des textes (de divers auteurs) inspirés par le temps qui passe et les baisers qui meurent. Cinq des dix pièces du cycle ont été retenues (n°1- Dialogue ; n°2 -Les Nuages ; n° 4-Battement d’ailes ; n° 7-Nocturne ; n° 8-Mélancolie) et l’on est admiratif de la justesse de sentiment de la chanteuse québécoise, autant que de l’intelligence d’une baguette qui sait tirer tout le potentiel expressif d’une orchestration sobre, quand ce n’est d’une économie toute chambriste (Mélancolie).
Mélanie Laurent © Bertrand Pichène
Musique de fées
Le charme n’est pas moindre avec l’Orientale de Fernand de La Tombelle, délicieux rêve d’exotisme que Gabel traduit avec un art subtil, avant de se faire le complice de Mélanie Laurent dans les Danses sacrée et profane pour harpe. Celle qui occupe depuis le début de l’année dernière le poste de harpe solo du Philharmonique de Strasbourg, s’empare de deux pièces qu’il est convenu de ne pas ranger dans le Debussy le plus essentiel et les métamorphose en une véritable musique de fées, avec le concours d’un chef continûment aux aguets. L’accueil de l’auditoire est à la mesure d’un pur miracle de poésie, qui se prolonge en bis avec – choix idéal – les Pastels du vieux Japon de Marcel Tournier.
Une autre Danse sacrée, tirée de la Suite en forme de valses op. 35-39 de Mel bonis, ouvre la seconde partie, restituée avec une sensualité caressante par Fabien Gabel, qui peut compter sur la flûte de Marina Chamot-Leguay. Suit la Fantasietta (1913) de Théodore Dubois dont on remarque l’onirique Berceuse et l’espiègle Allegro scherzando entre deux mouvements extrêmes plus académiques.
© Bertrand Pichène
L’écrin d’un maître orchestrateur
Avec une tenue de ligne exemplaire, les cordes de l’OCP offrent un prégnant Dernier Sommeil de la Vierge de Massenet, avant que tout l’effectif de la formation ne soit requis pour les Mélodies persanes de Saint-Saëns. Daté de 1870, donc à l’orée de la période (1871-1876) qui vit naître les poème symphoniques du Français, ce recueil de quatre mélodies (avec un Prélude et un Interlude) montre le compositeur tissant le plus bel écrin orchestral pour les vers d’Armand Renaud – une science instrumentale dont Gabel saisit tous les raffinements. D’une couleur vocale idéale pour ce répertoire, Marie-Nicole Lemieux fait corps avec la plénitude lumineuse de La Brise, comme avec l’immense respiration de La Splendeur vide, sommet de l'ouvrage. Et avec quel « chien », quelle ardeur défend-elle La Solitaire !
Un « On vous aime ! » jaillit pendant l’ovation enthousiaste du public ... « Moi aussi ! » répond la contralto, avant de lui offrir la Villanelle des Nuits d’été de Berlioz, frémissante de vie.
Alain Cochard
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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 26 juin 2024
Photo © Bertrand Pichène
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