Ils se sont rencontrés il y a deux ans et se sont d’emblée plu. Enormément ! Ils ont toutefois préféré prendre le temps avant de s’engager dans une histoire commune. A partir de 2022, le chef américain Joshua Weilerstein et l’Orchestre national de Lille se sont plusieurs fois retrouvés, dans la capitale des Flandres et dans la région Hauts-de-France ; à chaque concert, la première impression se confirmait.  S’intensifiait même.
 

@Yuri Pires Tavares
 
Durant la période de choix du nouveau directeur musical – comme cela se fait dans tout orchestre en de telles circonstances – des sondages étaient effectués auprès des musiciens après les concerts. Plusieurs baguettes furent fort appréciées, mais aucun des potentiels successeurs d’Alexandre Bloch n’obtint une adhésion comparable à celle manifestée envers Joshua Weilerstein. « Il remportait des scores soviétiques », plaisante François Bou, directeur général de la phalange lilloise. L’évidence était là : l’énergie, le charisme et le métier déjà très solide d’un chef de 36 ans ont fait la différence, de la plus indiscutable façon, et conduit à l’annonce de sa nomination le 10 octobre 2023. Un an plus tard, le moment de sa prise de fonctions (pour un mandat de cinq ans) est arrivé.

Après huit fructueuses années sous la direction d’Alexandre Bloch, qui ont montré une formation rajeunie et dynamisée par le renouvellement de bien des pupitres, par l’élargissement du répertoire, et par une politique discographique très active et non moins qualitative (avec le label Alpha) (1), un nouveau chapitre s’ouvre dans l’histoire de l’Orchestre national de Lille. Particulièrement prometteur. « C’est un orchestre qui est prêt à dépasser ses limites avec vous ; un orchestre avec un très gros potentiel », confie le nouveau directeur musical – dans un français absolument remarquable.
 

@Yuri Pires Tavares
 
Quelle grande partition symphonique élire pour le concert inaugural de son mandat ? Joshua Weilerstein ne cache pas avoir un peu hésité, son cœur ayant un moment penché du côté de Berlioz et de sa Fantastique avant de se fixer sur la 5e Symphonie de Mahler – compositeur qu’il affectionne particulièrement. Un choix cohérent aussi – et très élégant faut-il ajouter – quand on se souvient de la place que la musique de l’Autrichien occupait déjà à l’époque de Jean-Claude Casadesus et de l’importance qu’Alexandre Bloch lui a aussi accordée avec une intégrale marquante des symphonies.
 

Alexandre Kantorow © Mathias Benguigui - PASCO and CO
 
Les 26 et 27 septembre, au Nouveau Siècle, puis le 28 à Laon dans le cadre du Festival, Joshua Weilerstein et l’Orchestre national de Lille attendent le public dans un programme propre à ravir les amoureux de grand répertoire symphonique. La force d’attraction de la Symphonie en ut dièse mineur de Mahler – avec son viscontien Adagietto – n’est plus à dire. Les férus de piano trouveront leur bonheur aussi avec, en ouverture de soirée, le Concerto n° 2 de Liszt sous les doigts d’Alexandre Kantorow. Grand moment d’incandescence poétique en perspective ...
 
Notez que pianiste réserve en outre une belle surprise aux mélomanes qui pourront être présents au Nouveau Siècle dès 12h30 le 27 septembre en s’associant au Quatuor à cordes de l’ONL (1) pour un "concert flash". Il réunira le Quintette en la majeur pour piano op. 155 d'Antonin Dvořák (en remplacement du Quintette op. posth. de Medtner, initialement annoncé) et les Sonnets et Rondeaux de l’Italien Giovanni Sollima (né en 1962).
 
Alain Cochard

 > Voir les prochains concerts en région Nord-Pas-de-Calais <

(1) Onze enregistrements de l’Onl ont été publiés chez Alpha, durant les années Bloch, trois restent encore à sortir : un hommage à Célestine Galli-Marié – créatrice du rôle de Carmen – avec Eva Zaïcik, sous la baguette de Pierre Dumoussaud ; un récital de Vannina Santoni, sous la baguette de Jean-Marie Zeitouni et – sûrement pas le moins attendu – un programme Poulenc / Gorecki avec Justin Taylor et Chloé Dufresne. Quant aux projets avec Joshua Weilerstein, ils ne manquent pas. Patience ...