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La Favorite au Théâtre des Champs-Elysées - Les pieds dans le tapis - Compte-rendu
Le retour en grâce de La Favorite à Paris, dans son original français, était très attendu. Hélas, le public consterné par le spectacle qui lui a été présenté, l'a rejeté sans appel en conspuant Valérie Nègre, responsable de cette navrante proposition.
Secondée par un dramaturge, au rôle incertain, une scénographe et une chorégraphe aux idées désarmantes, la metteur en scène (élève de Chéreau !...), a cru qu'un plateau nu et quelques toiles pseudo contemporaines suffiraient à densifier son propos. Or, la naïveté de ce théâtre d'un autre âge, le vide sidéral qui entoure les interprètes, sans oublier les petits pas de danse ridicules, infligés aux choristes, accueillis par les rires gênés du public, n'ont fait qu'aggraver la situation. Non le retour en grâce de La Favorite n'aura pas lieu, défendus par de si piètres artisans de la scène !
Heureusement pour nos oreilles, Paolo Arrivabeni est dans la fosse pour rendre justice à cette belle partition, pour laquelle le chef italien a de l'estime et du respect. Sous sa responsabilité le style donizettien tient son rang et le National de France n'a plus qu'à laisser s'épancher ces mélodies limpides, à épouser le phrasé des chanteurs et à animer les foules dans de beaux ensembles cousus mains.
Substitué à l'espagnol Celso Albelo, Marc Laho est comme toujours un ténor honnête à la diction impeccable, mais trahi par un timbre neutre à l'émission droite et à l'aigu étriqué. Son Fernand sans aucune psychologie, tout d'une pièce, chante sur le même mode, sans finesse et de manière passive, un rôle dans lequel il ne faudrait jamais avoir entendu avant lui le solaire Luciano Pavarotti. Alice Coote n'a certes ni l'élégance, ni la présence de Shirley Verrett, inégalable Leonora, mais elle trouve dans ce rôle adapté à ses moyens, un personnage bien construit et sait en exploiter tous les ressorts. Les règles du bel canto ne sont jamais esquivées, les couleurs, les nuances, les gradations, jusqu'aux reprises de souffle que l'on pourrait trouver ailleurs trop insistantes, tout est à sa place pour servir la musique. Son français maîtrisé et ses variations habilement placées, notamment dans le célèbre aria « Oh mon Fernand » au 3ème acte, où graves plantureux et aigus audacieux se succèdent, démontrent une véritable adéquation musicale.
Royal, Ludovic Tézier n'éprouve aucune difficulté à s'accaparer Alphonse XI, un rôle qui semble avoir été écrit pour lui, dont il possède le verbe châtié, l'élégance et la fermeté de la ligne de chant, ainsi que l'allure noble. Carlo Colombara conserve un bel instrument riche et sonore de basse, qui convient parfaitement au Père supérieur Balthazar, un rien sentencieux, tandis que Loïc Felix (Don Gaspar) et Judith Gauthier (Inès) tirent avantageusement leur épingle du jeu.
François Lesueur
Donizetti : La Favorite – Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 7 février, prochaines représentations les 12, 14, 17 et 19 février 2013.
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Photo : Vincent Pontet – Wikispectacle
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