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Le Peintre amoureux de son modèle à La Péniche Opéra - A la source de l’opéra-comique - Compte-rendu
Riche week-end pour l’opéra-comique que celui que l’on vient de connaître à Paris : parallèlement au retour du Mârouf d’Henri Rabaud à la Salle Favart, la Péniche Opéra invitait à une remontée à la source de ce genre musical avec l’un des tout premiers, si ce n’est le premier opéra-comique de l’histoire : Le Peintre amoureux de son modèle d’Egidio Romualdo Duni (1709-1775). Comme pour la tragédie lyrique, la France doit l’invention de ce genre, emblématique s’il en est de son génie musical, à un compositeur italien. C’est l’année de son installation à Paris que Duni fit pour la première fois entendre son ouvrage « sur le Théâtre de l’Opéra Comique de la Foire St. Laurent, le Mardi 26 Juillet 1757 ».
On doit la curiosité du ténor Christophe Crapez la résurrection, dans la série « Découverte » de la Péniche Opéra, d’une partition élaborée à partir d’une pièce de Louis Anseaume. Deux actes : Laurette, jeune et séduisante jeune femme, débarque dans l’atelier Alberti pour une séance de pose. Sous les yeux de la vieille gouvernante Jacinte, très agacée par cette intrusion féminine, le peintre s’éprend de son modèle. Laurette est toutefois plus sensible au charme de Zerbin, élève d’Alberti, qu’aux avances d’un vieux cerf qui saura finalement se raisonner. Tandis que le peintre célèbre l’union des deux jeunes gens, Jacinte déclare sa flamme à Alberti : proposition accueillie d’un enthousiaste «Va, taupe » ! Embrassade générale - « Livrons nos cœurs à la tendresse ; / Chantons, chantons, vive l’Amour ». Simplissime et savoureux, l’argument fit mouche à coup sûr dans le contexte d’un théâtre de foire. « Un opéra comique des origines », dit Christophe Crapez d’une partition dont il a su tirer le suc avec son équipe, dans une mise en scène aussi simple qu’efficace comme on les aime à La Péniche Opéra. Le ténor, et directeur artistique de l’entreprise, campe un Alberti à fois tendre et bourru. Avec la fraîcheur qu’on lui connaît, Magali Léger n’a aucun mal à convaincre dans le rôle de Laurette. Le ténor Jean-François Lombard dessine une attachant Zerbin, d’abord très empoté et qui laisse peu à peu parler ses sentiments. Quant à Salomé Haller elle se glisse avec tempérament et gouaille dans le rôle de Jacinte.
Un quatuor à cordes issu de l’Ensemble Rosalis – fidèle partenaire de Magali Léger - se fait avec gaîté et tendresse le complice d’un spectacle qui atteint parfaitement sa cible : faire découvrir une œuvre disparue injustement du répertoire.
Alain Cochard
Duni : Le Peintre amoureux de son modèle – Paris, Péniche Opéra, 24 mai 2013
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Photo : DR
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