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Saint-Saëns à l'honneur

Camille Saint Saens

Riche actualité autour de Camille Saint-Saëns en cette fin d'année ! Tandis que EMI réédite à prix minuscule un coffret de 5CD(1) comprenant en particulier les 5 concertos pour piano par Aldo Ciccolini et Serge Baudo à la tête de l'Orchestre de Paris - l'une des grandes références du catalogue -, le musicologue Jean Gallois consacre une belle monographie(2) à l'auteur de Samson et Dalila. Une initiative particulièrement opportune compte tenu de l'extrême pauvreté de la bibliographie en langue française.

Au concert, Saint-Saëns est à l'honneur également cette semaine et l'on se félicite que dans un cas comme dans l'autre, les interprètes aient fait preuve de beaucoup de curiosité - point de Carnaval des Animaux ou de Concerto pour piano n°2 en effet.
A l'Opéra Comique, c'est à Jean-Luc Tingaud que revient l'initiative d'une séduisante soirée mi-instrumentale mi-lyrique en compagnie de son Orchestre OstinatO. Elle n'est pas pour surprendre de la part d'un jeune chef dont les affinités avec le répertoire français ne sont plus à démontrer. Tous ceux qui ont en mémoire le superbe Toréador de Adam qu'il a dirigé la saison dernière seront plus tentés encore par un hommage à Saint-Saëns où l'on entendra la barcarolle Une Nuit à Lisbonne, Le Rouet d'Omphale, la Romance pour flûte et orchestre et la Tarentelle pour flûte, clarinette et orchestre (avec Philippe Pierlot et Florent Héau), tout comme Trois mélodies sur des poèmes de Hugo interprétées par Aurélia Leguay et Alexandre Swan.

La soprano et le ténor seront par ailleurs les solistes de la véritable curiosité du concert ; une rareté lyrique : La Princesse Jaune. Ce bref ouvrage en un acte marqua les débuts lyriques de Saint-Saëns et fut créé à l'Opéra Comique le 12 juin 1872. Kornélis s'ennuie et contemple une estampe japonaise représentant une princesse, tout en faisant honneur à sa pipe à opium… Sa fertile imagination fait le reste… Le livret de Louis Gallet a en tout cas été prétexte à une partition gorgée d'exotisme et de sensualité(3), très éloignée de l'idée de sécheresse que l'on associe souvent - bien à tort ! - au musicien.

Dans un tout autre registre, un Saint-Saëns très rare est également au programme du Chœur et de l'Orchestre de Paris-Sorbonne à la Madeleine trois jours plus tard et ce avec des ouvrages de circonstance. Noël approche : autant dire que l'Oratorio de Noël op 12 et le Psaume XVIII "Coeli enarrant", op 42 tombent à pic ! Ces deux partitions, respectivement datées de 1858 et 1865 ont été composées pour la messe de minuit de l'église de la Madeleine - dont l'orgue eut pour titulaire Saint-Saëns de 1857 à 1877. Sous la baguette de Jacques Grimbert (fervent avocat de la musique française lui aussi !) et avec les voix de Nathalie Manfrino, Els Jannssens, Jacqueline Mayeur, Mathias Vidal, Laurent Alvaro, Nicols Lepolart, Jean-Gabriel Saint Martin et Paul Médioni, deux aspects attachants de la production sacrée du maître français s'offrent à l'auditeur : un oratorio d'une douceur archaïsante - qui n'est pas sans parenté avec l'esprit de L'Enfance du Christ de Berlioz - et un psaume de caractère plus imposant où Saint-Saëns manifeste une grande science de l'écriture chorale.

De belles découvertes en perspective !

Alain Cochard

La Princesse Jaune. Orchestre OstinatO, dir. Jean-Luc Tingaud. Opéra Comique, le 13 décembre à 20 h.

Oratorio de Noël / Psaume XVIII "Coeli enarrant". Chœur et Orchestre Paris-Sorbonne, dir. Jacques Grimbert. Eglise de la Madeleine. Jeudi 16 décembre à 20 h 30.

(1) EMI 5 86128 2
(2) Editions Mardaga
(3) Un enregistrement en a été réalisé sous la direction de Francis Travis à la tête de l'Orchestre de la Suisse italienne, avec les voix de Maria Costanza Nocentini et Carlo Allemano ( 1 CD CHANDOS/ CHAN 9837)

Photo : DR
 

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