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Paris - Compte-rendu - Souffle nordique par l’Orchestre de Paris dirigé par Paavo Jarvi
Sibelius finirait-il par tomber naturellement sous les doigts des instrumentistes français ? Paavo Järvi parvint à leur insuffler les exactes couleurs opalescentes que réclament la fragile musique de scène écrite par Jean Sibelius pour le Pelléas et Mélisande de Maeterlinck. Plus encore, l’ajustement des dynamiques, la courbe spécifique des phrasés, une élégance inquiète qui font tous les seconds plans de cette partition frémissante étaient au rendez-vous sous la baguette efficace du chef estonien. Les orchestres se sentent toujours en sécurité sous la direction de haut lignage, ils lui donnent leur meilleur.
Ce fut également le cas pour des Sept Lieder de jeunesse de Berg pris un rien trop rapidement pour que puissent s’en exhaler tous les parfums Jugenstill, surtout dans l’ultime, avec ses métriques en éventails, si difficile pour la chanteuse. Charlotte Hellekant triompha sans souci de la tessiture meurtrière, trouvant à chaque fois le ton juste, l’émotion exacte.
En seconde partie, Jarvi entraîna tout l’orchestre dans une exécution d’anthologie de la Seconde Symphonie de Nielsen. L’allegro collerico, tout en rafales, l’indolence énigmatique de l’Allegro commodo, la tristesse feinte de l’Andante, avec son coté pince sans rire rarement aussi bien souligné, et enfin le final hymnique, empli de musique populaire danoise enthousiasmèrent aussi bien l’orchestre que le public. Les parisiens applaudissant à tout rompre une Symphonie de Nielsen…il nous semble bien que ce fut la première fois…
Jean-Charles Hoffelé
Concert de l’Orchestre de Paris et de Paavo Jarvi avec Charlotte Hellekant, mezzo-soprano, Théâtre Mogador, Paris, le 10 mars 2004.
Photo : DR
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