Tandis qu’à Paris le Festival d’Automne fait la part belle à la musique d’aujourd’hui, les régions accordent également toute sa place au répertoire contemporain, sous ses formes les plus diverses, durant le mois qui s’ouvre.

Créé en 1989 à Londres, l’opéra de John Casken Golem a déjà été donné en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon mais attend toujours sa création française. Ce sera chose faite le 6 novembre prochain à Rennes. Opéra de chambre en deux actes sur un livret cosigné par Pierre Audi et John Casken, l’ouvrage s’inspire de la légende juive du golem où un rabbin donne vie à un géant d’argile. « Une légende (…) d’une grande actualité, selon le compositeur britannique. Elle met en garde contre les dangers qu’il y a à créer de l’artificiel pour rendre plus tolérables nos sentiments d’outrage. Elle avertit aussi que l’homme aurait tort de chercher à découvrir ailleurs qu’en soi, en dépit de soi, la solution à ses problèmes. »

Mis en scène par Jean Boillot et dirigé par Philippe Nahont (à la tête de l’Ensemble instrumental Ars Nova), la création française de Golem fait appel, pour les rôles principaux, à Armando Noguera, Jean-Loup Pagésy et Helen Kearns. La présence de Golem à l’affiche de l’Opéra de Rennes offre une belle illustration de la curiosité que manifeste souvent l’institution dirigée par Alain Surrans. On en trouvera d’autres exemples durant la saison avec Les Travaux d’Hercule de Claude Terrasse, Dolorès d’André Jolivet et L’Ormindo de Cavalli. Programme de l’Opéra de Rennes.
Si vous ne pouvez découvrir Golem lors des représentations rennaises, sachez que ce spectacle sera repris à Quimper puis, début 2007, à Nantes et à Angers.

Musique, opéra, théâtre, danse, cinéma, expositions : c’est bien à « un mois d’expressions contemporaines » que convie la 5ème édition de Novart Bordeaux. Quatre représentations de l’opéra Jakob Lenz de Wolfgang Rihm, deux séduisantes balades contemporaines en hommage à Christian Lauba, un auteur très influencé par le jazz, un programme « Lamenti de Monteverdi à Capdenat » (avec des créations signées Philippe Capdenat et Emmanuel Filet), un récital Berio-Xenakis-De Clercq par le violoncelliste Christophe Roy, la création française de Nami No Bon de Takemitsu par l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine et Yutaka Sado (la 6ème Symphonie de Mahler complète le programme) : ces quelques exemples donnent une idée de l’extrême électisme d’une affiche où l’on découvre également le spectacle Bleib de Michel Schweizer – une chorégraphie pour chiens !

Du 10 au 20 novembre, Perpignan se met à l’heure de la musique contemporaine avec le festival des créations sonores Aujourd’hui Musiques, une manifestation qui fête son 15ème anniversaire cette année. « Un condensé, une petite compilation de ce qui a fait, sans doute, l’originalité de notre démarche. On y retrouvera nos « beaux démons », à savoir : la pratique de la musique contemporaine par les jeunes à travers de multiples ensembles, les interférences entre texte-image, les rapports entre danse, image et son, le théâtre musical interprété par des musiciens acteurs, le patrimoine perpignanais réutilisé dans une « nouvelle forge » créative, l’implication des enseignants de la régions, et des artistes, la diversité des compositeurs, engagés dans une démarche propre et dans leur choix esthétiques mais aussi, et surtout, notre « connivence » avec nos voisins et amis de Catalogne» : ainsi Daniel Tosi, directeur artistique d’Aujourd’hui Musiques, décrit-il l’édition 2006.

D’Aperghis à Xenakis, de Boulez à Kurtag, de Georges Bœuf à Betsy Jolas, en passant par trois septuagénaires catalans : Xavier Benguerel, Joan Guinjoan, Josep Maria Mestres Quadreny et sans oublier des créateurs de la jeune génération (Pierre Jodlowski, Bruno Mantovani, etc.), le festival perpignanais offre un riche panorama de la création contemporaine dans des programmes où la création dialogue parfois avec le passé comme dans le portrait croisé Betsy Jolas/ Roland de Lassus que Bernard Tétu dirige à l’Abbaye de Fontfroide (le 19 novembre à 16h 30).

Revenons à l’actualité parisienne pour conclure. Les hommages à György Ligeti se multiplient depuis la disparition de l’auteur du Grand Macabre le 12 juin dernier. Le 14 novembre, les étudiants du Conservatoire de Paris interprètent des ouvrages du musicien hongrois, tandis que, le 28 novembre, les pianistes Fuminori Tanada et David Chevalier (tous deux membres de l’Ensemble l’Itinéraire) confrontent Ligeti et Mozart à la Cité Internationale Universitaire.

Alain Cochard John Casken – Golem
Opéra de Rennes, les 6, 7 et 9 nov. Programme de l’Opéra de Rennes. Quimper-Théâtre de Cornouaille, le 15 nov. Nantes-Théâtre Graslin, les 9, 10, 12, 14 janvier 2007. Anger-Grand Théâtre, les 19 et 20 janvier 2007

Novart Bordeaux
Rens./Rés. : Kiosque Bordeaux Culture - 05 56 79 39 56

Aujourd’hui Musiques-Perpignan
Du 10 au 20 novembre. Rens. : 04 68 66 35 17 (tous les concerts sont en entrée libre)

Hommage à Ligeti
Conservatoire de Paris- Espace Maurice Fleuret. Mardi 14 novembre – 19h. Rés. : 01 40 40 46 46. Programme des concerts du Conservatoire de Paris

Hommage à Ligeti- Mozart/Ligeti
Cité Internationale Universitaire. Mardi 28 novembre – 20h30. Rés . : 01 43 13 65 96

Photo : DR