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Rennes - Compte-rendu : Riders to the sea - La quintessence d’un drame
S’il fallait décerner une palme de l’originalité et de la curiosité à une maison d’opéra française, l’Opéra de Rennes serait particulièrement bien placé pour concourir. Après avoir ouvert sa saison avec Le Vampire de Marschner, la scène dirigée par Alain Surrans proposait quatre représentations de la nouvelle tournée de Riders to the sea de Ralph Vaughan Williams. Ce spectacle, déjà présenté en divers lieux en 2006, est produit par l’ARCAL, le Grand Théâtre de Reims et l’Opéra de Rennes, qui n’avait pas encore eu l’occasion de l’accueillir.
Quatre personnages principaux (Maurya, la mère, Bartley son fils, Cathleen et Nora, ses deux filles) dans Riders to the sea ? Certes, mais il convient d’y ajouter l’océan qui prend ses deux fils à Maurya. Il parfume le drame de Synge de ses embruns, ou plutôt l’enveloppe de sa menaçante rumeur, et se révèle être le véritable moteur de ce que le compositeur britannique qualifiait de « pièce en musique » plutôt que d’opéra. Sobriété, concision extrême (une cinquantaine de minutes) : la partition ne cède à aucune facilité, aucun effet, mais on termine la soirée la gorge nouée par l’émotion née de la rencontre de la pièce de l’écrivain irlandais et de la musique de Vaughan Williams. Encore fallait-il savoir la transmettre avec la simplicité et le tact de Christian Gangneron (dans des décors dépouillés de Thierry Leproust et de très belles lumières de Marc Delamézière).
Plutôt que de regrouper deux partitions disparates dans la même soirée, C. Gangneron et le chef Jean-Luc Tingaud ont préféré introduire Riders to the sea par les Songs of travel du même Vaughan Williams), un cycle de neuf mélodies défendu avec une grande intelligence poétique par le baryton Patrice Verdelet. L’oreille se régale des merveilleux vers de Stevenson, l’œil aussi car un système de projection sur un rideau rouge (qui deviendra le linceul de Bartley au terme de Riders) permet de savourer les textes originaux et leur traduction. Une ingénieuse - et esthétique - manière de « jouer avec les mots » !
La transition avec ce qui suit s’effectue sans l’ombre d’un hiatus. Et nous voilà pris par la prégnante atmosphère de Riders, grâce à l’implication de tous les protagonistes. Aux côtés de Patrice Verdelet, toujours aussi convaincant en Bartley, Elsa Lévy (Cathleen) et Sévan Manoukian (Nora), deux sœurs idéalement appariées du point de vue vocal, et Jacqueline Mayeur, bouleversante Maurya, incarnent les trois rôles féminins avec une grande justesse de ton et l’unique dessein de restituer dans sa saisissante nudité la quintessence d’un drame issu du quotidien le plus banal. Brève mais très belle intervention des femmes du Chœur de l’Opéra de Rennes au terme de l’ouvrage.
A la tête de l’Orchestre du Grand Théâtre de Reims, Jean-Luc Tingaud, toujours attentif à ses chanteurs, fait vivre la partition de Vaughan Williams avec un grand sens du détail, sans jamais rien de forcé ou de surligné.
La tournée de Riders to the sea se poursuit et il vous est encore possible de découvrir le spectacle en début d’année prochaine à Troyes, Dunkerque et Paris. A ne surtout pas manquer !
Alain Cochard
Ralph Vaughan Williams : Riders to the sea – Opéra de Rennes, 20 décembre 2008
Calendrier de la tournée :
Troyes : 27 mars (Tél. : 03 25 40 15 55), Dunkerque : 3 avril, (Tél. : 03 28 51 40 40) Paris-Théâtre de L’Athénée : 8-11 avril 2009 (Tél. : 01 53 05 19 19).
Photo : DR
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