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Pétaudière, vous avez dit pétaudière ?

C’est un rituel désormais : comme tous les ans à l’approche des fêtes, la compagnie lyrique Les Brigands débarque au Théâtre de l’Athénée avec dans ses bagages un sympathique ouvrage propre à ragaillardir le moral. Par les temps qui courent ce genre de proposition ne saurait se refuser !

Après avoir beaucoup fréquenté Offenbach à leurs débuts – nul n’a oublié un Docteur Ox totalement givré en 2003 ! -, Les Brigands se sont éloignés du XIXe siècle, au profit de partitions de l’entre-deux-guerres. Leur nouvelle production est l’occasion d’un retour aux sources, non pas à l’auteur dont un délicieux opéra-bouffe a donné son nom de la compagnie, mais à l’un de ses contemporains : Léo Delibes (1836-1891).

Lakmé – et ses inévitables clochettes ! -, Coppélia certes…, mais on ignore soigneusement le reste de la production d’un compositeur qui s’est beaucoup adonné aussi à la musique légère. A partir de l’ « asphyxie lyrique » (sic !) en un acte Deux sous de charbon ou le suicide de bigorneau, donnée aux Folies-Nouvelles en 1856, Delibes multiplia les opérettes (avec, parmi une bonne douzaine d’autres, L’Omelette à la Folembuche en 1859, sur un livret de Labiche et Michel) et aligna une série de réalisations qui parvint à son terme avec La Cour du roi Pétaud, opéra-bouffe en trois actes créé au Bouffes Parisiens en 1869. Toujours partants pour la découverte, c’est sur cet ouvrage (exactement contemporain des Brigands d’Offenbach) que nos Brigands ont jeté leur dévolu.

Pétaudière par essence, la cour du légendaire monarque du XVIe siècle inspira à Philippe Gille et Adolphe Jaime, collaborateurs réguliers de Delibes depuis années (le premier surtout), un livret que Jean-Philippe Salério, metteur en scène du spectacle, décrit comme faisant « la part belle aux acteurs-chanteurs-danseurs qui doivent faire entendre la dinguerie et la finesse de cette intrigue loufoque. (…) J’aimerais, ajoute-t-il, faire entendre l’extrême subtilité de ce livret drolatique et que nous parvienne la modernité de cette vision du politique, où toute ressemblance avec des situations contemporaine ne sera pas forcément fortuite. »

Avec Rodolphe Briand dans le rôle de son altesse Pétaud VIII et une équipe d’une douzaine de jeunes chanteurs-comédiens, que l’on a, dans bien des cas, déjà eu l’occasion d’entendre dans de précédentes productions de la compagnie, Les Brigands sont des interprètes tout trouvés pour redonner vie à un visage aussi souriant que négligé de Léo Delibes. On oubliait, comme l’an dernier dans Arsène Lupin banquier c’est Christophe Grapperon qui assure la direction musicale d’un ensemble de treize instrumentistes pour lesquels Thibault Perrine a réduit la partie d’orchestre. Sus à la sinistrose ; votez Pétaud !

Alain Cochard

Léo Delibes : La Cour du roi Pétaud. Athénée-Théâtre Louis Jouvet Du 18 décembre 2008 au 4 janvier 2009
Le spectacle sera ensuite donné le 9 janvier à Saint-Germain-en-Laye (Théâtre A. Dumas), le 11 janvier à Clamart (Théâtre Jean Arp), le 13 janvier à Rungis( Arc-en-Ciel) et le 29 janvier au Perreux-sur –Marne (Centre des Bords de Marne), dans le cadre de la tournée de l’ARCADI.

> Programme détaillé du Théâtre de l’Athénée

La video des Brigands enregistrant Toi c’est moi

Photo : Elisabeth de Sauverzac
 

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