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Paris - Compte-rendu - Tango Pasion, légende vivante


Septième édition pour Tango Pasion, cette revue que porte à bout de bras depuis dix ans une des ultimes légendes vivantes du Tango, Luis Stazo. Son sextuor est toujours aussi virtuose, renforcé par le violon très classique de Bernhard von der Gabelentz – l’ensemble est en résidence berlinoise depuis trois ans – et animé par le piano si rythmique, mais aussi poète parfois, de Pablo Woizinski. Et c’est d’abord un plaisir musical que dispense la soirée, faisant voisiner de trop rares classiques avec beaucoup de tangos modernes, rappelant l’attachement de Luis Stazo à Astor Piazzola et les nombreuses années qu’il vécut au sein du Sexteto Mayor dont il fut l’impeccable arrangeur.

On revit donc une fois de plus l’éclosion du grand tango contemporain, presque incrédule devant l’invention rythmique, les contrepoints savants, les subtilités harmoniques, l’inventivité dans l’utilisation des instruments. Beaucoup par l’oreille, un peu moins par la vue. Non que le spectacle réglé par Hector Zaraspe trahisse les intentions très classiques de Mel Howard – six tables, deux chaises, éclairages classiques d’un bar à tango, chassé croisé de couples sans véritable narration mais pimenté par quelques numéros de genre – le jeu de billard, qui fleure bon derrière son chic les racines populaires du genre était assez réussi – mais simplement les disparités techniques entres les danseurs sont trop flagrantes. Un couple brille dans l’absolu, lui formé par Valeria et Juan Manuel, tous deux souples comme des lianes, aux physiques découplés, et avec dans leurs techniques plus qu’une pointe de ballet classique, et deux danseuses accomplies, mettant autant d’énergie virtuose que de poésie dans leurs pas, Viviana et Graciela.

Leurs comparses sont infiniment plus faibles, si l’on excepte Leonardo et ses jolis solos inventifs – particulièrement celui du groom. C’est par ce manque d’ensemble technique que pèche une soirée, et aussi par une sonorisation grossière, particulièrement insupportable pour les chanteurs – Nestor fatigué, hurlant sans cesse, faux et arythmique avec application, Marcela peu en voix et à la diction manquant singulièrement de tranchant. Mais pour entendre le bandonéon de Luis Stazo, que ne ferait-on pas ?

Jean-Charles Hoffelé

« Tango Pasion », « Ultimo Tango », Sexteto Stazo Mayor, Théâtre des Champs-Elysées, le 27 décembre 2008, jusqu’au 8 janvier 2009


> Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR

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