Journal
Henri Bonamy – Poésie et logique intérieure
D’aucuns ont peut-être déjà découvert le récital Brahms/Schubert d’Henry Bonamy, publié il y a peu sous le label allemand Genuin(1). Un premier enregistrement très réussi où poésie et sens de la construction vont de pair. Des qualités qui incitent à aller écouter le jeune pianiste (né en 1979) en concert samedi prochain à Paris et que l’on comprend mieux lorsque l’on se penche sur son parcours.
A l’évidence, Henri Bonamy garde un bon souvenir de la « période formatrice » des années passées au Conservatoire de Paris, où il a été marqué par l’enseignement de Jacques Rouvier, de Brigitte Engerer pour le piano et de Jacques Castérède en analyse. A cette époque déjà Dimitri Bashkirov suit le parcours du jeune Français. Son Premier Prix en poche, Henri Bonamy profite de ses liens avec le célèbre pédagogue russe pour aller étudier à Madrid à l’Ecole Supérieure de Musique Reina Sofia. Expérience enrichissante que ce contact régulier avec un maître dont le pianiste retient en premier lieu « l’honnêteté et l’intensité de la relation au texte musical ».
Bashkirov va d’ailleurs influer sur la suite de l’itinéraire de son élève en lui conseillant d’aller travailler auprès de son amie Elisso Virsaladze à Munich. Un an de patience avant de pouvoir entrer dans la classe de la pianiste géorgienne… Henri Bonamy met cette attente à profit pour débuter l’étude de la direction d’orchestre avec Bruno Weil. Une expérience « marquante » dont il ne tarde pas à ressentir l’influence sur son approche des textes pianistiques : « elle m’a conduit à développer une pensée beaucoup plus structurelle, à aller d’abord vers la structure et à ne travailler le détail qu’ensuite. J’ai par ailleurs appris beaucoup de choses ayant trait aux tempi qui viennent naturellement par la direction d’orchestre, remarque-t-il.» Au courant de l’intérêt pour la baguette d’un élève avec lequel elle entretient une belle entente musicale, Elisso Virsaldze ira même jusqu’à l’inviter à la diriger lors d’un concert Mozart au Conservatoire de Tbilissi, au cours duquel elle interprète le Concerto en ut KV 467 de Mozart.
Pour son premier disque « officiel » (2) enregistré en 2007, Henri Bonamy est allé naturellement vers Brahms, un compositeur dont il se sent depuis toujours très proche et dont il aime et connaît la musique de piano autant que la production chambriste. Beaucoup « rôdés » en concert, les Opus 116 et 79 ouvrent un programme que complète la Sonate D. 850 de Schubert. Si elle ne fait pas partie des plus jouées de l’Autrichien, elle séduit l’interprète par son « énergie, son inspiration assez fantasque et les différences entre des mouvements très caractérisés » - aspects que son interprétation met d’ailleurs bien en valeur.
Que l’on ne fasse pas pour autant d’Henri Bonamy un spécialiste du répertoire germanique – une étiquette est si vite collée en France il est vrai… L’an passé, le pianiste a beaucoup joué Debussy et Moussorgski en public. Il a eu envie de revenir à Claude de France pour son récital au Studio du Cygne avec les Images (1er Livre). Ce cahier forme la première partie du concert aux côtés des Variations en fa mineur de Haydn et des Abegg de Schumann. Pour conclure l’artiste retrouve à une vieille connaissance : la Sonate de Liszt. Il y a à peu près une décennie elle figurait au programme de son Prix au Conservatoire… Fort des précieux acquis du temps écoulé depuis, Henri Bonamy aspire à présent à en offrir une « nouvelle lecture ». Une excellente occasion pour le découvrir !
Alain Cochard
Récital d’Henri Bonamy. Studio Le Regard du Cygne. Samedi 24 janvier à 20h. Infos : www.leregarducygne.com. www.henribonamy.com.
(1) 1CD GENUIN 88132
(2)Un CD portrait distribué dans le magazine Classica avait été précédemment diffusé
Photo : DR
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