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Une presque martyre - Jun Märkl dirige Genoveva à Lyon et à Paris

C’était le grand rêve de Schumann, poser après le Fidelio de Beethoven et le Freischütz de Weber la troisième pierre fondatrice du grand opéra allemand, romantique par essence. Rêve demeuré lettre morte. Comment ne pas s’apercevoir qu’il y a un problème Genoveva ?

Schumann fit du mieux qu’il put, animant ses scènes, cherchant dans le moyen âge des croisades un exotisme du temps qu’il utilise au fond fort peu. Cette Sainte Geneviève de Brabant, sauvée par son Siegfried de mari (mais d’abord par un livret incroyablement emberlificoté), est simplement improbable. Schumann y dispense avant tout son art de mélodiste, et l’on trouvera plus de théâtre dans sa Péri ou dans ses Scènes de Faust qu’ici.

Jun Märkl fait donc preuve de courage en présentant salle Pleyel, deux jours après Lyon, cette partition maudite avec son Orchestre National de Lyon dont il reste quoi qu’en disent les édiles locaux le véritable (et seul) directeur musical et artistique. Et comme pour narguer un peu plus l’incompétence et le sans-gêne des politiques, il donne à l’ouvrage toutes ses chances en convoquant une distribution de grande venue : Anne Schwanewilms sera Genoveva, dont elle a dans le timbre la douceur mystique innée, Matthias Goerne incarnera le vaillant Siegfried, SimonO’Neill le terrible Golo. Si l’unique opéra de Schumann ne trouve pas cette fois sa résurrection …

Jean-Charles Hoffelé

Schumann : Genoveva - Solistes, Chœur de l’Orchestre de Paris, Orchestre National de Lyon, dir. Jun Märkl – Lyon, Auditorium, le 5 juin ; Paris, Salle Pleyel, le 7 juin 2010.

> Programme détaillé de la Salle Pleyel

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Photo : DR
 

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