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Compte-rendu : Bernard Haitink dirige l’Orchestre de Chambre d’Europe - Une vivifiante clarté
Les Symphonies de Beethoven n’ont plus de secret pour Bernard Haitink qui les a si souvent dirigées et même enregistrées à deux reprises. Dans les années 60, jeune chef fringant, on pouvait l’entendre à la tête de l’Orchestre Lamoureux dans la 5e Symphonie. Que d’évolution depuis grâce à un travail méthodique, quasi artisanal effectué avec les plus grandes phalanges du monde (surtout avec le Concertgebouw d’Amsterdam dont il fut le directeur musical vingt-cinq ans durant).
Aujourd’hui, face à l’Orchestre de Chambre d’Europe, il joue sur du velours pour ce début de l’intégrale des Symphonies qui s’achèvera en mars 2012. Dès l’Ouverture de Fidelio, le ton est donné : clarté du discours, équilibre des pupitres, attention portée aux nuances sans pour autant que le caractère dramatique et héroïque s’en ressente.
La 8e Symphonie gagne en légèreté haydnienne ce qu’elle perd en densité : la vivacité des mouvements extrêmes, la respiration des mouvements intermédiaires (en particulier le Tempo di menuetto parodiant le métronome) atteignent une perfection à laquelle ne manque parfois qu’un soupçon d’humour.
La 5e Symphonie s’inscrit là encore dans une conception pure, naturelle, directe et sans pathos (on remarquera dans l’Allegro con brio initial le hautbois ailé de François Leleux) qui préfère un ton mesuré aux élans du destin en marche. Tout est magnifiquement en place, construit, dans une perspective dialectique pensée plus avec l’intelligence de la raison qu’avec les émois du cœur. Enthousiasme du public dans une Salle Pleyel bondée qui reconnaît en Bernard Haitink un témoin incontournable du grand art de la direction d’orchestre.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 18 janvier 2011
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