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Compte-rendu : Le Barbier de Séville au Châtelet - Rossini sauce comédie musicale
A la demande du maire de Paris, Jean-Luc Choplin a fait prendre un virage au Châtelet en direction du divertissement dit « grand public » : opérette et comédie musicale y ont donc retrouvé tous leurs droits et souvent leurs prestiges à la plus grande satisfaction du public, dont on dit qu’il aurait « changé ». Celui que j’ai croisé, lundi soir, à la deuxième représentation du Barbier de Séville de Rossini ressemblait furieusement à celui de l’Opéra de Paris : le prix des places est, il est vrai, strictement du même ordre, de 140 à 10 euros, dans les deux théâtres.
On comprend à la fin bigarrée de ce spectacle digne de Broadway avec le couple Almaviva Rosine s’envolant dans les cintres en montgolfière, ce qui a séduit le directeur du Châtelet dans une production du chef-d’œuvre de Rossini due aux Opéras de Madrid et de Lisbonne, qui a d’ailleurs pas mal circulé, y compris en DVD, mais avec une distribution brillante. Cette fois, ce sont de jeunes inconnus. Pourquoi pas ? Mais la règle, si l’on recrute des professionnels débutants, c’est de les encadrer avec de vieux routiers sachant les guider. On ne peut pas dire que ce soit exactement le cas de Jean Christophe Spinosi dont l’agitation rappelle fâcheusement celle du petit lapin mécanique chargé de la publicité d’une marque de piles électriques…
L’art du rire chez Rossini s’accommode mal des coups de cymbales systématiques et de l’accélération désordonnée. C’est une progression savamment calculée, un équilibre délicatement dosé : n’est pas Abbado qui veut. Le premier acte traîne ainsi un ennui pesant et les fusées de ce diable de Rossini se muent en pétards mouillés dans la grisaille de décors pâlichons, recouverts du givre de l’ennui amplifié par la direction d’acteurs stéréotypée et clownesque d’Emilio Sagi. Le second acte laissera heureusement au vestiaire ces semelles de plomb : trop tard ! La distribution sympathique est néanmoins très hétérogène avec une Rosine (Anna Stéphany) un peu juste, un Almaviva (Bogdan Nihai) au jeu plus pâle que son chant, un Basile (l’excellent Nicolas Courjal) qu’on tire trop du côté du cirque, un Figaro (Bruno Taddia) sorti de chez Feydeau, bien peu barbier, mais rasant quand même...
Au Festival de Saint-Céré, dans la tiédeur d’une nuit d’été, et avec des places à moitié prix, on ne trouverait rien à redire. Mais ici, il y a de la concurrence : pour la même somme, on a mieux à l’Opéra de Paris.
Jacques Doucelin
Rossini : Le Barbier de Séville – Paris, Théâtre du Châtelet, le 24 janvier, prochaines représentations les 26, 28 et 30 janvier 2011.
Rens. : www.chatelet-theatre.com
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Photo : DR
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