Les concerts du jeudi midi à l’Auditorium du Louvre offrent souvent la possibilité de découvrir de jeunes artistes prometteurs. C’est incontestablement le cas du pianiste français Emmanuel Despax (27 ans), installé désormais outre-Manche où il d’ailleurs accompli une partie de ses études au Royal College of Music de Londres. Un récital confidentiel en avril dernier Salle Gaveau avait déjà attiré l’attention sur cet artiste subtil à la sonorité raffinée.

Le programme de son second concert parisien est agencé avec intelligence, intercalant entre Liszt (les deux Légendes) et Ravel (Gaspard de la nuit), une œuvre récente : Portraits and Landscapes du guitariste et compositeur gallois Stephen Goss, pièce dont il a assuré la création au Wigmore Hall de Londres.

Dans les deux pièces de Liszt (Saint-François d’Assise, la prédication aux oiseaux et Saint-François de Paule marchant sur les flots), Emmanuel Despax privilégie la couleur, la qualité du timbre au détriment parfois de l’effet dramatique. La poésie, le sens narratif sont également à mettre au crédit d’une interprétation de Gaspard de la nuit, stylée, fluide, lumineuse et d’une perfection technique saisissante.

Très à son aise dans l’œuvre de Stephen Goss (qui lui est d’ailleurs dédiée), il se joue aussi bien des difficultés digitales que des humeurs qui émaillent cette partition, véritable kaléidoscope de réminiscences de Schumann, Liszt, Wagner, Debussy, Ravel, Chopin. Une Toccata au ton ravélien clôt cette œuvre aux paysages ondoyants qu’un soliste aux doigts ailés et virtuoses enlève avec brio. Un musicien avant tout, qu’il faudra suivre de très près.

Michel Le Naour

Paris, Auditorium du Louvre, 22 septembre 2011

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Michel Le Naour

Photo : Clive Barda