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3ème Concours de chant Adam Didur de Bytom (Pologne) - De belles révélations - Compte-rendu
Une des plus vieilles villes de Haute-Silésie, Bytom s’enorgueillit de posséder un Opéra - construit au début du XXe siècle dans le style néoclassique par l’architecte allemand Alexander Böhm - qui, dans un pays terriblement dévasté par la deuxième guerre mondiale, a joué un rôle primordial dans la renaissance de la vie lyrique en Pologne à partir de 1945. C’est dans ce beau théâtre - siège de l’Opera Śląska (Opéra de Silésie) - que depuis 1979 se tient le Concours de Chant lyrique créé en hommage à l’illustre basse polonaise Adam Didur (1874-1946). Cette prestigieuse manifestation, organisée d’abord tous les deux ans, a pris depuis 1994 une dimension internationale et se déroule désormais tous les quatre ans sous la présidence du chef d’orchestre Tadeusz Serafin (directeur de l’Opéra Śląska) et du musicologue Karol Bula (directeur artistique du Concours). Une des particularités de la compétition, réputée pour son niveau très élevé, est d’imposer aux finalistes de chanter un des airs en costume et en vraie situation de jeu scénique.
A l’occasion de la 3ème édition du Concours International de Chant Lyrique Adam Didur (15-23 avril) 56 candidats de dix nationalités différentes avaient été sélectionnés sur dossier. A l’issue des éliminatoires, ils étaient 33 à accéder à la demi-finale et 14 demeuraient en lice pour la finale. Ils étaient accompagnés par l’Orchestre de l’Opera Śląska dirigé en alternance par Krzysztof Dziewięcki et Andrzej Knap, chefs attentifs et expérimentés.
Chez les femmes, le Premier prix ainsi que le Grand Prix ont été attribués à la soprano polonaise Justyna Samborska (27 ans - photo). Son souci du beau chant, l’homogénéité de la voix et de la ligne dans « Tacea la notte placida/Di tale amor » (Il Trovatore) et sa sensibilité troublante, sa sûreté technique ainsi que sa musicalité hors pair dans « Ha, Dzieciątko nam umiera » (Halka de Moniuszko) promettent une belle carrière dans un proche avenir.
Le Deuxième prix est revenu à la soprano russe Ekaterina Bakanova (28 ans), qui surtout dans « E strano, è strano » (La Traviata) a suscité l’enthousiasme du public avec ses aigus insolents, sa virtuosité et sa crédibilité dramatique. Le Troisième prix revient à Liudmyla Ostash (23 ans), soprano ukrainienne qui, vu son jeune âge, a magnifiquement interprété « Surta e la note/Ernani, involami » (Ernani) avec un timbre lumineux et épanoui et une voix très homogène.
Côté hommes, une seule personnalité marquante s’est révélée : le baryton ukrainien Stanislav Kuflyuk (29 ans), artiste charismatique et adulé du public polonais, à qui le jury, présidé par le célèbre ténor Wiesław Ochman, a attribué sans surprise le Premier prix et le Grand prix pour son exemplaire interprétation, tant sur le plan stylistique, musical et vocal, de « Kto z mych dziewek, serce której » (Le Manoir hanté de Moniuszko) et du « Largo al factotum » du Barbier de Séville. L’instrument est ample et chaud, bien timbré et superbement maîtrisé, la ligne de chant souple et l’émission sans faille : quel talent ! Kuflyuk mérite déjà d’être invité par de grands théâtres lyriques. Le public ne s’y est pas trompé et lui a par ailleurs décerné son Prix.
Le solide et parfois un peu maniéré baryton polonais Piotr Halicki (27 ans) a obtenu le Deuxième prix mettant en valeur ses qualités vocales surtout dans « Fin ch’han dal vino » de Don Giovanni et le Troisième prix a couronné le Polonais Bartosz Araszkiewicz (28 ans), basse certes puissante mais assez vite poussée dans ses limites.
Leszek Bernat
3ème Concours de Chant lyrique Adam Didur de Bytom – Pologne, Opéra National de Silésie, du 15 au 23 avril 2012.
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Photo : Justyna Samborska et Stanislav Kuflyuk /@ Julius Multarzynski
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