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Tannhäuser au Capitole de Toulouse - Vaillant Seiffert, sans peur et - presque - sans reproche - Compte-rendu
En confiant à un chorégraphe la mise en scène de cette nouvelle production de Tannhäuser, on espérait trouver une lecture nouvelle et originale de l'ouvrage de Wagner. Par le refus de faire danser la Bacchanale du Venusberg comme en munissant d'une lanterne les pèlerins, descendus au fond d'une caverne – platonicienne ? – Christian Rizzo ne fait pourtant que reprendre des astuces dramaturgiques déjà vues, entre autres chez Carsen. Avec ses colonnes qui jalonnent l'acte de solennité, la Wartburg toulousaine a d'ailleurs un air de famille avec celle de la Bastille. On peut certes évoquer l'exubérance des costumes de Michaëla Burger, qui n'ont pour effet que de corseter les figurants.
Mais peu importe au fond la relative banalité du visuel, un Wagner se jauge d'abord à l'aune de l'orchestre. Conduit par Hartmut Haenchen, celui du Capitole de Toulouse réserve des moments de grâce – songeons à la fin du deuxième acte, d'une fluidité et d'une ductilité qui font remarquablement ressortir la construction et la dynamique de l'écriture des ensembles, dans une filiation que n'auraient renié ni le grand opéra, ni Bach – et des platitudes voire des approximations dommageables, dues en partie à l'amollissement récurrent de la baguette du chef allemand.
Wagnérien patenté depuis deux décennies, Peter Seiffert conserve une vaillance remarquable dans le rôle-titre, avec lequel il fait ses débuts sur la scène du Capitole. Seule l'intonation a perdu de sa précision, privilégiant le galbe sonore – idéal pour ce personnage de Heldentenor. Son Elisabeth, psalmodiée par les cordes de Petra Maria Schnitzler, convainc surtout par sa présence dramatique. Nonobstant quelques maladresses, qui dans le fond le rendent encore plus touchant, le Wolfram pétri de moelleux et d'humanité de Lucas Meachem nous réserve les moments les plus émouvants de la soirée.
On retiendra l'Hermann solide de Christof Fischesser, d'une paternelle rondeur raidie par une direction d'acteurs conventionnelle, de même que l'ensemble des concurrents du concours de chant – Biterolf imposant d'Andreas Bauer, Walther von der Vogelweide un peu à découvert de Maxim Paster, sans oublier Paul Kaufmann en Heinrich et Richard Wiegold, Reinmar. Si Anna Schoeck incarne un jeune pâtre à l'innocence délicatement illuminée par son timbre de miel pâle, Jeanne-Michèle Charbonnet durcit sa Vénus dans les guêtres de son registre de poitrine.
Quant au choeur du Capitole, l'expression s'en trouve souvent polarisée entre le piano et le forte, confirmant l'impression générale que ce Tannhäuser s'en tient aux grandes lignes.
Gilles Charlassier
Wagner : Tannhäuser – Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juin 2012
dernière représentation, le 29 juin 2012
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Photo : DR
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