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Musicales de Bagatelle - Une vraie fête - Compte-rendu

Astrig Siranossian

 Quelques kilomètres en forêt et l'on est déjà loin des habitudes de la saison parisienne... Les Musicales de Bagatelle, l'un des premiers rendez-vous de la saison des festivals, offraient cette année encore, pour leur septième édition, cinq concerts de musique de chambre aux programmes foisonnants, tout en contrastes, et dont l'affiche est partagée par de jeunes interprètes.
 
Révélatrice de talents – elle s'appuie sur les lauréats de la Fondation Banque Populaire –, cette manifestation créée et dirigée par la harpiste Marielle Nordmann faisait découvrir, lors du premier concert, deux jeunes artistes. La violoniste Isabelle Duval, tout d'abord, a donné de l'imposante Sonate de Franck une lecture pleine d'allant, répondant au piano de Paolo Rigutto, un peu trop emporté parfois. La violoncelliste Astrig Siranossian (photo), lauréate l'an dernier de la Fondation Banque Populaire et premier prix lors du récent Concours Penderecki de Cracovie, a ensuite montré une maîtrise exemplaire, pureté du chant et profondeur du son, dans l'Élégie de Fauré ; Paolo Rigutto étant ici à l'unisson de cette interprétation inspirée. Troisième partenaire du pianiste, le bassoniste Jean-Michel Alhaits, lauréat du jury « handicap » de la Fondation Banque Populaire, a livré une interprétation virtuose du Solo de concert de Pierné.
 
Enfin, les pianistes Amandine Savary et Vincent Balse formaient pour l'occasion un duo en parfait accord dans deux œuvres pour le moins contrastées. Dans les Neuf haïkus de Philippe Hersant perce sous la simplicité de la petite forme tout un monde de contrastes, d'impressions fugitives qui convoquent tantôt Debussy, tantôt l'esprit de Moussorgski, et toujours une construction mélodique entêtante, presque narrative. La concentration extrême, la parfaite osmose entre les deux pianistes a pleinement révélé l'œuvre, qui, à la façon du haïku, fait naître une foule d'images en disant fort peu.  Amandine Savary et Vincent Balse achevait ce concert avec un grand écart stylistique, interprètes brillants et enjoués du Bœuf sur le toit de Milhaud.
 
Jean-Guillaume Lebrun
 
Paris, Orangerie de Bagatelle, le 7 juin 2014

Photo © DR / www.astrigsiranossian.com

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