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Rencontres Juventus de Cambrai – Les retrouvailles de la famille musicienne
25 ans ... Bonheur et étonnement se mêlent dans la voix de Georges Gara (photo) lorsqu’il songe aux années écoulées depuis le lancement des Rencontres Juventus en 1991 à la Saline Royale d’Arc-et-Senans. « Un miracle », dit même le fondateur et directeur artistique (1) d’une manifestation qui, à la fin de période d’Arc-et-Senans (1991-1996), envisageait l’avenir avec inquiétude. Par chance, les Rencontres comptaient parmi leurs fidèles depuis 1992 Christian de la Simone, l’un des responsables culturels du Département du Nord à l’époque. Enthousiasmé par les talents d’avenir qu’il découvre chaque été à la Saline et convaincu de la pertinence du projet Juventus, C. de la Simone jouera un rôle déterminant – que G. Gara ne manque pas de saluer – dans l’installation des Rencontres Juventus à Cambrai en 1998.
Au Théâtre de Cambrai © www.music-juventus.fr
Et 1997 ? Luxembourg est cette année-là capitale européenne de la culture et les Rencontres y sont invitées en tant que festival européen. Une solution provisoire, le futur de Juventus demeure incertain … Cambrai accepte d’accueillir et de soutenir financièrement les Rencontres en 1998, mais… pour un an seulement. Le talent des jeunes musiciens, le succès que le public cambrésien leur réserve vont changer le cours des choses. C’est l’une des très grandes fiertés professionnelles de G. Gara que d’avoir amené des responsables de couleurs politiques différentes à s’entendre pour soutenir les Rencontres. A partir de 1999, celles-ci bénéficient à la fois de l’aide de la Ville de Cambrai et du Département du Nord, se sédentarisent à Cambrai, et peuvent enfin envisager l’avenir avec optimisme.
Le lieu a changé, mais la philosophie originelle demeure. Plutôt que de festival, G. Gara a toujours préféré parler de Rencontres, afin de souligner l’ « esprit de famille » qui conduit de jeunes musiciens à se réunir, à se découvrir réciproquement, mais aussi à rencontrer et à dialoguer avec un public fidèle. Chaque année la famille Juventus s’enrichit de nouveaux lauréats, dont le choix est le fruit d’une sélection anonyme que le directeur artistique effectue en recueillant les avis de conseillers avisés partout en Europe. En un quart de siècle, 106 lauréats issus de 26 pays européens auront été choisis.
Pour la toute première fois depuis 1998, un instrumentiste d’origine cambrésienne fait son entrée à Juventus cette année : le corniste Félix Dervaux, merveilleux musicien de 25 ans qui porte haut les couleurs des vents français puisqu’il occupe – excusez du peu – le poste de cor solo du Royal Concertgebouw d’Amsterdam. On l’entendra dès le concert d’ouverture (2/07), entouré d’anciens lauréats tels que Barbara Moser, Katia Skanavi, Ernö Kállai et Sophie Karthäuser.
Un seul lauréat cette fois : plutôt que d’élargir la famille Juventus, Georges Gara a pour ce 25ème anniversaire préféré mettre l’accent sur les retrouvailles des lauréats de précédentes éditions. Quatre de ceux de l’année 1991 sont présents : Alexandre Tharaud, Xavier Phillips, Ronald Van Spaendonck et Aleksandar Madzar. Ces deux derniers compteront (aux côtés de Marie-Pierre Langlamet et Wolfgang Schwaiger) parmi les solistes du concert que l’Orchestre national de Lille donnera le 4 juillet sous la baguette de Frank Strobel. L’un des temps forts d’un cru 2015 qui multiplie les propositions alléchantes.
© www.music-juventus.fr
Les relations que les musiciens nouent par l’intermédiaire de Juventus sont parfois très durables. Ainsi le Quatuor Opus 20 (Alena Baeva, Yura Lee, Dimitr Murrath et Jakob Koranyi) s’est-il formé à l’occasion d’une des précédentes éditions : il est présent cette année dans un programme Haydn, Schubert à l’Abbaye de Vaucelles (7/07). Si le Théâtre de Cambrai accueille l’essentiel des concerts, d’autres lieux sont fréquentés. On en trouve deux exemples le 5 juillet, avec d’abord (à 11h au Musée de Cambrai) un récital d’Anne Pustlauk (flûte) et Toby Sermeus (piano) sur le beau pianoforte Stöcker de la collection du musée, puis (à 17h à la cathédrale de Cambrai, qui abrite le tombeau de Fénelon) un concert pour le tricentenaire de la mort de l’archevêque de Cambrai avec Benjamin Alard, Monique Simon et la Chorale Guillaume du Faÿ. Enfin, s'agissant des rendez-vous hors du Théâtre, on n'oubliera pas l'intégrale des Caprices de Paganini que Graf Mourja entreprend au Musée Matisse de Cateau-Cambrésis (12/07)
Le grand répertoire constitue une part essentielle de la programmation, mais elle ne néglige pas la création. Juventus avait accueilli dès le milieu des années 2000 le compositeur Pierre Charvet. Il est présent à Cambrai cet été (12/07) pour faire entendre « Come back », une œuvre singulière pour… balafon et électronique confiée au balafoniste Ba Banga Nyeck, qui a tissé des liens avec Juventus par l’intermédiaire du cymbaliste Cyril Dupuy (lauréat en 2000).
Fidèle à leurs habitudes, les Rencontres se concluent le 14 juillet par un beau feu d’artifice musical réunissant tous les artistes, cette fois sur le thème « Orient et Occident ». Quant aux vingt-cinq bougies, elles auront été soufflées dès le 10 juillet lors d'un savoureux programme d’airs d’opérettes et de valses viennoises confié une douzaine de lauréats dont l’entrée à Juventus se répartit entre 1991 et 2014.
Alain Cochard
(1) On connaît également G. Gara comme Conseiller musical du Théâtre de la Ville à Paris
Rencontres Juventus
Du 2 au 14 juillet 2015
Cambrai – Théâtre et autres lieux
www.music-juventus.fr
Photo © www.music-juventus.fr
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