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La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski en version de concert à Genève – Authentique – Compte-rendu
Après la prestation inoubliable de Tugan Sokhiev avec ses troupes du Bolchoï à la Philharmonie de Paris (1), le Grand Théâtre de Genève met à son tour à l’affiche La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski en version de concert. Une aubaine tant cette partition trop négligée recèle des trésors d’invention vocale et symphonique. L’énergique Dmitri Jurowski est aux commandes de l’Orchestre de la Suisse Romande et du Chœur du Grand Théâtre (préparé par Alan Woodbridge), tous deux très impliqués, tandis que les solistes, en grande majorité d’origine slave, se révèlent à leur aise dans la langue de Pouchkine.
Dmitri Jurowski à la tête de l'Orchestre de la Suisse Romande © GTG Magali Dougados
Excès de statisme : installés devant leur pupitre sans se soucier de leurs voisins, attendant leur tour, les chanteurs restent figés et l’absence de surtitres condamne l’auditeur à s’orienter tant bien que mal dans un programme documenté mais peu facile à consulter. L’action perd donc de sa fluidité pour se limiter à une succession de tableaux. Fort heureusement, l’assurance du chef, ses coups de boutoir et son engagement constant unifient le propos, avec des transitions bien menées.
La Jeanne de Ksenia Dudnikova (photo), aigus bien projetés et timbre idoine, ne possède cependant pas le charisme d’Anna Smirnova(1), se rapprochant davantage de ce que l’on attend des personnages féminins d’Eugène Onéguine. En Agnès Sorel, l’Américaine Mary Feminear se montre humainement plus incarnée et sa voix bien placée donne au personnage toute sa crédibilité.
Du côté masculin, Thibaut, le père de Jeanne par qui le malheur arrive, trouve en Alexey Tikhomirov un serviteur zélé au registre profond et le Dunois de Roman Burdenko impose une caractérisation d’authentique Chevalier servi par une voix de basse profonde. Le Lionel de Boris Pinkhasovich, l’amant de Jeanne, se montre également sous ses meilleurs atours juvéniles. Quant à l’Allemand Marek Kalbus, il peine quelque peu dans le rôle de l’Archevêque, ce qui n’est pas le cas du Bertrand de Alexander Milev, ni surtout du Raymond de Boris Stepanov, ténor en pleine possession de ses moyens.
Les membres de la troupe des jeunes solistes en résidence au Grand Théâtre de Genève tirent leur épingle du jeu, en particulier Migran Agadzhanyan qui procure à Charles VII une épaisseur que l’on n’attendrait pas de ce rôle un peu terne et Lulia Elena Preda possède la tessiture éthérée de l’ange.
Cette soirée du plus grand intérêt rend justice à l’ouvrage de Tchaïkovski sans toutefois supporter la comparaison avec La Pucelle d’Orléans transcendée il y a peu à la Philharmonie.
Michel Le Naour
(1) Lire le CR : http://www.concertclassic.com/article/tugan-sokhiev-dirige-la-pucelle-dorleans-de-tchaikovski-la-philharmonie-de-paris-inoubliable
Tchaïkovski : La Pucelle d’Orléans (Orleanskaya Deva) - Genève, Victoria Hall, 6 avril 2017 ; prochain concert le 12 avril 2017 / www.geneveopera.ch/en/programming/2016-2017-season/orleanskaya-deva/
Photo © GTG / Magali Dougados
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