Eté bien rempli que celui de Vanessa Wagner qui assure désormais la direction artistique du tout nouveau Festival de Chambord dont le coup d’envoi sera donné le 17 juillet par Les Siècles de François-Xavier Roth et la mezzo Isabelle Druet. La pianiste demeure toutefois très active au concert et prépare pour la fin de l’année la création d’une nouvelle pièce pour ténor et piano de Pascal Dusapin.

Vous voilà donc dans le rôle, nouveau pour vous, de directrice artistique du Festival de Chambord. Comment êtes-vous parvenue à ce poste ?

Vanessa WAGNER : L’idée d’être la directrice artistique d’un festival m’attirait depuis un moment. Jean d’Haussonville, nouveau directeur du Château de Chambord, que j’avais rencontré à Berlin à l’époque où il y était conseiller culturel, a eu immédiatement envie d’un renouveau culturel pour Chambord – ce qui se manifeste déjà par les expositions d’art contemporain mises en place depuis son arrivée. Il souhaitait aussi instaurer un festival de dimension internationale et a fait appel à moi. Jusqu’ici Chambord était plutôt orienté sur les manifestations en plein air, les cors de chasse, etc. ; je trouve courageux d’imposer l’art contemporain dans un lieu extrêmement fort et porteur qui pourrait se contenter de fonctionner sur son nom, sur le patrimoine culturel qu’il représente.

Comment avez-vous bâti la programmation de votre premier festival ?

V.W. : Avec Jean d’Haussonvillle, nous avons voulu dès le départ un festival axé sur la musique classique, savante, mais présentant aussi une dimension pluridisciplinaire, transversale qui s’accentuera dans le futur avec la présence d’un artiste associé (architecte, peintre, cinéaste, etc.). On la trouve déjà un peu cette année lors du concert de Doulce Mémoire qui mêle musique et danse.
J’ai aussi souhaité ouvrir la frontière entre musique savante et musique populaire lors de deux soirées, l’une italienne où l’on trouve un récital Bach, Scarlatti, Clementi d’Olivier Cavé puis des chants napolitains par le Neapolis Ensemble, l’autre espagnole avec le piano de Luiz Fernando Perez, suivi d’une soirée flamenca avec le guitariste Pedro Soler.

Dès la première année, j’ai aussi voulu donner une place à la musique contemporaine, avec le Quatuor Diotima et l’Ensemble Alternance. Ouverture, transversalité, rencontre des arts sont les directions dans lesquelles le festival se développera à l’avenir.

En tant que pianiste, quels sont les temps forts de votre été ?

V.W : Je joue à Chambord avec le violoniste Pavel Gomziakov. Au Festival de Saintes, je donne deux récitals originaux, l’un en alternance sur pianoforte et piano moderne, l’autre sur piano de l’époque de Schubert et piano moderne, avec des programmes également très transversaux qui oscillent de Rameau à Tristan Murail. Peu après, au Festival Messiaen de la Meije j’aurai l’occasion d’interpréter La Mandragore de Tristan Murail, une pièce que j’adore, au sein d’un programme où figurent aussi Scriabine, Wagner/Liszt, Webern, Dusapin, etc. Suivront le Festival de Sceaux, avec Augustin Dumay, La Roque d’Anthéron, dans un concerto de Mozart, le Festival 1001 Notes, où le danseur Pedro Pauwels improvisera autour d’un programme Schubert, Debussy, Murail, et Labeaume en Musiques, qui marque le début d’une collaboration avec la soprano Karen Vourc’h, et enfin les Serres d’Auteuil.

Quant aux derniers mois de 2011, ils seront marqués par une tournée aux côtés de l’Orchestre national de Lille et par la création aux Bouffes du Nord de la nouvelle oeuvre de Pascal Dusapin : O Mensch, longue (1h 15’’) et magnifique pièce pour ténor et piano sur des textes de Nietzsche.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 7 juillet 2011

1er Festival de Chambord

Du 15 au 29 juillet 2011

Programmation détaillée : www.festivaldechambord.org

Calendrier des concerts de Vanessa Wagner : www.vanessa-wagner.com

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Photo : DR