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24e Festival George Enesco – Bucarest carrefour européen de la musique

Comme tous les deux ans depuis 2001, le Festival George Enesco de Bucarest fait de la capitale roumaine un grand carrefour européen de la musique trois semaines durant (du 31 août au 22 septembre cette fois). Lancé en 1958, trois ans après la mort d’Enesco à Paris, le Festival qui porte le nom de l’auteur d’Œdipe a connu des heures de gloire avant de décliner durant la période communiste. La 11e édition (1988) fut la dernière de l’ère Ceaucescu, renversé en 1989. Depuis 1991, le Festival George Enesco a pris un nouveau départ. Dans le contexte mouvementé de l’après révolution, il aura toutefois fallu attendre 1995 pour que se tienne une 13e édition marquée par un engagement gouvernemental très prononcé sur le plan financier.
Mihai Constantinescu © George Enescu Festival

Mihai Constantinescu, pianiste de formation, est devenu directeur exécutif dès 1991 ; une position privilégiée pour observer l’évolution du Festival George Enesco. Il insiste beaucoup sur le rôle fondateur de la 14ème édition (1998), placée sous la direction artistique de Lawrence Foster et sous la présidence d’honneur de Sir Yehudi Menuhin (le violoniste avait participé au Festival 1958 au côté de David Oistrakh dans le Concerto pour deux violons de Bach ...). Elle a en effet contribué à dessiner des orientations essentielles tant en matière de répertoire (affirmation de la musique du XXe siècle) que pour ce qui touche au format des concerts (apparition des « Concerts de Minuit ») – « Laurence Foster a eu de très bonnes idées auxquelles les directeurs artistiques qui se sont succédés sont restés fidèles », se félicite le directeur exécutif !

Vladimir Jurowski © Drew Kelley - IMG Artists

Depuis 2017, Vladimir Jurowski assure la direction artistique tandis que Zubin Mehta occupe la présidence d’honneur. Quoique très pris par ses engagements, le maestro russe, établi à Berlin, sait trouver du temps pour une manifestation à laquelle il a su imprimer sa marque – et Mihai Constantinescu ne cache pas son envie de le voir conserver ses fonctions pour l’édition 2021 ...
Budget de 11 millions € (dont 7 provenant de l’Etat roumain, le reste se partageant entre la billetterie et le mécénat), 84 concerts à Bucarest, plus de 2500 musiciens présents dans la capitale roumaine, sans parler d’une bonne vingtaine de concerts dans d’autres villes et à l’étranger (Florence, Toronto, Berlin, Dresde, Chisinau) : les chiffres donnent la mesure de la 24e édition ... Quant à son prestige et sa force d’attraction, la présence du Philharmonique de Berlin et de son nouveau patron, Kirill Petrenko (photo), pour l’inauguration du festival, comme celle du London Symphony Orchestra, de l’Orchestre de la Radio Polonaise, du Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, de l’Orchestre National de France, de l’Orchestre National de Lille (pour la première fois invité au Festival et ici dirigé par Vlad Vizireanu), de l'Orchestre Pelléas de Benjamin Lévy (également invité pour la première fois), de la Staatskapelle Dresden, des Philharmoniques d’Oslo et de Liège, ou encore de celle de l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg les soulignent éloquemment. Des programmes symphoniques au sein desquels se répartissent une partie des trente-quatre opus de George Enesco qui seront joués au cours du Festival 2019.
 

Christophe Rousset & Les Talens lyriques © Jacques Verrees

Parallèlement aux rendez-vous orchestraux, on trouve aussi de la musique de chambre (Arditti Quartet, Midori et Jean-Yves Thibaudet), des récitals de piano (Charles Richard Hamelin, Marc-André Hamelin, Gerhard Oppitz, François-Frédéric Guy). La musique baroque – introduite en 1998 à l'initiative de Lawrence Foster – est très gâtée par la 24e édition, que ce soit sur le plan instrumental ou lyrique. En ce dernier domaine, la série des opéras en version de concert (14 en tout cette année) fait une belle place aux ouvrages des XVIIe et XVIIIe siècles, parmi lesquels le rarissime Silla de Haendel, par Europa Galante et Fabo Biondi, ou encore, du même auteur, Giulio Cesare et Agrippina par les Talents lyriques de Christophe Rousset, avec Karina Gauvin et Ann Hallenberg en tête de distribution dans les deux cas.
Un innovation est à noter cette année : l’instauration d’une « Semaine Mozart », en collaboration avec la Mozart Woche salzbourgeoise, que dirige désormais Rolando Villazón. Le ténor s’y produira, tout comme la Camerata Salzburg et le Mahler Chamber Orchestra avec Mitsuko Uchida.

Enfin, s’agissant du Concours George Enesco (piano, violon, violoncelle et composition) (1), que l’on a jadis connu concomitant au Festival, il se déroule depuis 2013 en alternance avec celui-ci. Excellente décision, qui a accru la visibilité d’une compétition prestigieuse et permet de programmer les lauréats dans le festival à suivre (1er Prix en 2018, le pianiste letton Daumants Liepiņš est ainsi à l'affiche du 24e Festival). Avis aux candidats potentiels : les inscriptions sont ouvertes pour 2020 !

Alain Cochard

(1) Un Concours de chant George Enesco existe également, à Paris où sa 6ème édition se tiendra du 8 au 11 octobre 2019. Organisé à l’initiative de la mezzo française d’origine roumaine Viorica Cortez, il est totalement distinct de celui de Bucarest (qui ne comporte pas de section chant), mais considéré avec une évidente sympathie par les responsables de ce dernier.
enesco-paris.com/90-2/accueil/
 
24e Festival George Enesco
31 août – 22 septembre 2019
Bucarest

www.festivalenescu.ro

Photo © Wilfried Hösl
 

Orchestre de chambre Pelléas
Benjamin Levy, direction
Tasmine Little, violon
5 septembre 2019 à 16h30 - Atheneul Roman
Programme
Debussy, Enescu, Ravel, Chabrier, Bizet
 
Orchestre Pelléas

L'Orchestre Pélleas en répétition
© 3foisC

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