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25 bougies pour La Simphonie du Marais - 3 questions à Hugo Reyne
Fondé en 1987 par le flûtiste Hugo Reyne, La Simphonie du Marais s’apprête à célèbrer ses 25 ans. A Paris, l’ensemble retrouve le quartier qui l’a vu naître, pour trois concerts les 5, 6 et 7 octobre et la fête se termine (le 13 octobre) en Vendée, où Hugo Reyne et ses troupes ont élu domicile depuis quelques années.
Quel était votre but en fondant voici un quart de siècle La Simphonie du Marais ?
Hugo Reyne : Créer un instrument à géométrie variable, comme tout ensemble dédié à la musique baroque, à l’époque comme aujourd’hui. J’ai fondé La Simphonie en 1987 pour rendre hommage à Lully, en constituant une grande suite tirée de ses diverses œuvres et suivant leur chronologie, le tout réalisé pour un petit effectif. Marc Minkowski tenait le basson, Florence Magloire, Philippe Couvert et bien d’autres participaient à ce projet soutenu par l’ADIAM 78. Parallèlement on assistait à la création du Centre de Musique Baroque de Versailles ; toute une mouvance d’un certain artisanat baroque qui voulait remettre en avant un répertoire étant en marche à l’occasion du Tricentenaire de Jean-Baptiste Lully, un compositeur sur lequel j’avais déjà beaucoup travaillé.
En tant qu’instrumentiste je voulais aller plus loin dans le répertoire, ne plus me contenter de mon travail de flûtiste au sein d’autres formations, même si j’ai continué à oeuvrer au sein de La Chapelle Royale ou des Arts florissants. Nous avons ensuite gravé nos premiers disques consacrés aux Symphonies pour les Soupers du Roi de Delalande en 1990 (Harmonia Mundi) puis, à partir de 1995, j’ai commencé à collaborer avec des chanteurs comme Bernard Delétré, Isabelle Desrochers. Deux ans plus tard. j’ai constitué un chœur, ce qui m’a permis d’aborder tout un répertoire, à commencer par les comédies-ballets de Molière et Lully. Tout cela a fini par aboutir logiquement à la Tragédie Lyrique, qui m’a occupé au tournant du XXIe siècle. Là encore Lully a été mon compositeur central, même si aujourd’hui je regarde plus vers Rameau. J’ai même tenu à enregistrer Atys pour en quelque sorte boucler la boucle, et parce que je savais pouvoir en offrir une vision moins contournée, plus simple, plus immédiate que celle défendue avec tant d’art par William Christie. Mais aujourd’hui les temps sont durs, la crise est partout et promouvoir des projets lyriques est devenu un véritable parcours du combattant, sans parler de la difficulté de mener à bien de nouvelles productions discographiques. Cependant je ne désespère pas ; la preuve, je travaille à une version en concert des Indes galantes…
Contrairement au travail effectué par Benjamin Lazar et Vincent Dumestre, vous n’avez pas voulu, dans votre approche de la Tragédie Lyrique appliquer la restitution de la prononciation dite d’époque…
H. R. : Je vous coupe, j’ai été le premier à l’encourager et à tenter l’expérience, et c’est d’ailleurs avec moi, en concert comme au disque, que Benjamin Lazar a fait ses premières armes ; mais j’ai rapidement compris que l’introduction de cette façon de prononcer était vaine et desservait les textes comme la musique. Je trouve cette manière de faire un sort aux syllabes beaucoup trop maniérée et je ne conçois pas que le public français doive être obligé de décrypter sa propre langue. Tout cela a été amené par Eugène Green ; rien n’est plus dangereux que la fascination d’une langue sur un étranger, cela devient un objet de fantasme. J’ai vu tout cela arriver d’assez loin, il y a évidemment une part positive dans ce mouvement, probablement plutôt pour l’atelier que pour la scène. Il faut des révolutions, on en garde ce qu’on en doit garder, mais là tout était trop excessif, virait à la doctrine. « Tout » prononcé « toute » pour faire entendre le t final ! Vous imaginez la confusion chez l’auditeur…De même lorsque Benjamin Lazar affirme qu’à l’époque de Molière les acteurs jouaient toujours face au public, donc sans jamais se retourner, il suffit de lire les didascalies de l’auteur pour se rendre compte qu’il n’en était rien. A la fin cette façon radicale risquait presque de nuire à la renaissance de la Tragédie Lyrique, c’est pourquoi je l’ai abandonnée.
Vous allez célébrer les 25 ans de votre ensemble en revenant à ses sources géographiques…..
H. R. : Et donc à Paris et au quartier du Marais… aujourd’hui La Simphonie s’est transportée dans le Marais Poitevin depuis que nous avons trouvé nos pénates au Logis de la Chabotterie. Mais nous allons revenir le temps de trois concerts au « Marais originel ». Le premier aura lieu dans un salon de l’Hôtel de Soubise, l’endroit idéal pour un programme chambriste, le second à l’église des Billettes - qui fut le siège social de l’ensemble ! – avec un ensemble d’œuvres écrites pour le plein air, Marches, ballets de Lully, Mascarade de la Chine, Carrousel, etc. ; tout un programme conçu pour faire découvrir l’univers du baroque français au plus large public. Enfin, à l’Auditorium du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, nous proposerons un concert florilège retraçant le parcours de l’ensemble dans l’ordre chronologique des œuvres tel que nous les avons abordées. Je jouerai également le rôle du guide et expliquerai tout cela au public.
Projets d’avenir : outre Les Indes Galantes – nous avons déjà des dates à Vienne –, on pourra bientôt télécharger notre version du Naïs de Rameau. En espérant qu’elle soit un jour éditée en CD.
Propos recueillis par Jean-Charles Hoffelé le 22 septembre 2012
Les 25 ans de La Simphonie du Marais
Vendredi 5 octobre 2012 – 20h30
Hôtel de Soubise
Paris – 75003
Samedi 6 octobre 2012 – 17h
Eglise des Billettes
Paris – 75004
Dimanche 7 octobre 2012 – 17h
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
(Hôtel de Saint-Aignan)
Paris – 75003
Samedi 13 octobre – 20h30
Théâtre de Thalie
Montaigu – 85602
Programmes détaillés/ Rés. : 02 51 42 19 39 / www.simphonie-du-marais.org
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Photo : DR
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