Antoine Gindt (photo) a rencontré Léo Warynski en 2008, à l’époque où ce dernier, qui terminait alors ses études, était assistant de François-Xavier Roth pour la Médée de Pascal Dusapin. Depuis, le metteur en scène et le chef ont eu l’occasion de collaborer à de nombreuses reprises. Forts de leur longue complicité et du constat des lacunes de nombre de jeunes metteurs en scène en matière de théâtre musical, Gindt et Warynski ont décidé de créer une Académie, spécifiquement consacrée à ce domaine. Sa première édition se tient du 2 au 14 mai à Nîmes. D’abord réservée à une trentaine artistes issus de 12 pays, elle s’ouvrira au public, du 8 au 13 mai, lors des « Journées de l’Académie », et lui permettra de découvrir les fruits de leur travail dans des ouvrages de Stravinsky, Aperghis et Henze. 
 
 
Comment est née l’idée de l’Académie de Théâtre Musical que vous installez à Nîmes avec Léo Warynski ?
 
Tout est parti d’un constat que Léo et moi faisons depuis un moment déjà : la plupart des jeunes metteurs en scène qui arrivent sur des projets de théâtre musical, d’opéra contemporain, sont très peu formés aux techniques nécessaires à la mise en œuvre de ces projets – comment la dramaturgie se fait autant sur la musique que le texte, pas uniquement sur le texte ; comment on répète pendant des périodes assez longues avec un piano uniquement et non pas un orchestre ; etc. : autant de questions qui sont notre habitude et ne sont pas enseignées, ni même proposées dans les grandes écoles de théâtre.
De même, aucune institution musicale ne propose cette formation, ou cette initiation car il s’agit pour notre Académie de venir compléter la formation de jeunes metteurs en scène, de transmettre l’expérience que je partage avec Léo Warynski. C’est là première raison d’être de l’Académie.
Elle permettra aussi de donner un certains nombre d’œuvres peu ou pas jouées et méconnues des jeunes générations. Enfin, le fait de réunir pendant quinze jours une trentaine de participants (metteurs en scène, dramaturges, scénographes, chorégraphes, compositeurs, chefs, instrumentistes, etc.) venus d’horizons et de pays différents sera l’occasion d’un brassage et d’échanges très stimulants autour d’un même sujet et leur permettra d’acquérir un bagage commun.
 

Léo Warynski © Manuel Braun
 
Comment avez-vous recruté les jeunes artistes présents à Nîmes ?
 
Dès juin 2021 nous avons procédé à une très large diffusion auprès de nombre d’institutions musicales et théâtrales, d’écoles d’art ; en fait un large réseau que nous fréquentons depuis de nombreuses années. Nous avons aussi mis au point tout un répertoire pour pouvoir contacter les relais, les directeurs d’institutions, etc.
 
Comment allez vous faire travailler les participants à l’Académie ; quels seront les grands axes de son déroulement ?
 
Il y avait deux niveaux de recrutement : d’abord celui de trois jeunes équipes de metteurs en scène pour réaliser les trois projets inscrits au programme : L’Histoire du Soldat de Stravinsky, Récitations d’Aperghis et El Cimarrón de Henze, trois spectacles pour lesquels on leur fournit les moyens de réaliser leur spectacle, dont un lieu spécifique pour chacun d’entre eux. Les répétitions seront bien sûr ouvertes aux autres participants – c’est là le deuxième niveau de recrutement –, une vingtaine de jeunes qui vont suivre l’Académie dans son aspect « théorique » (cours, masterclasses) et vont assister avec nous aux répétitions. Des répétitions commentées, au cours desquelles nous interviendrons pour interroger les metteurs en scène sur le pourquoi des décisions qu’ils prennent.
La première semaine comportera des cours, sur l’histoire du théâtre musical, l’esthétique de mise en scène, le rapport à la dramaturgie, la construction d’un spectacle dans ses dimensions scénographiques (lumières, costumes, etc.).
La deuxième semaine comprendra quant à elle quatre masterclasses, ouvertes au public, avec des invités qui feront partager leur expérience sur différents sujets : Philippe Béziat (« De la scène à l’écran »), Marie-Louis Bischofberger (« Du livret à la mise en scène »), Sarah Barbedette (« La fabrique d’un opéra »), Laurent Bayle (« Le théâtre musical dans le monde de la musique »).