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3 Questions à Raphaël Pichon


Riche actualité pour le jeune Ensemble Pygmalion et son chef Raphaël Pichon. Outre la parution récente d’un premier CD dédié à Bach (1), on les retrouve en concert à Ivry-sur-Seine (le 19 octobre) et à Paris (le 21 octobre) dans un programme « de Bach à Bach ». Par ailleurs contre-ténor, R. Pichon demeure un soliste très actif, comme en témoignent ses participations à des productions variées. Le talent aux couleurs de l’éclectisme !

A vingt-quatre ans vous conjuguez déjà l’activité de soliste à celle de chef. Comment expliquez-vous ce précoce attrait pour la direction ?

Raphaël Pichon : C’est une envie qui remonte à assez loin. J’ai très tôt effectué mes études en horaires aménagés au CNR de Versailles (j’y travaillais le violon et le piano). A neuf ans, je suis entré dans la Maîtrise des Petits Chanteurs de Versailles, où j’ai abordé beaucoup de musique ancienne et baroque, du Bach en particulier. A 15-16 ans j’en suis sorti avec un bagage solide, que j’avais la chance de compléter par une pratique instrumentale. La personnalité et le travail avec Jean-François Frémont, le chef de la Maîtrise de Versailles, ont contribué à ce que l’envie de diriger se manifeste tôt – durant mes dernières années à la Maîtrise, j’ai eu l’occasion de l’assister pour la préparation de certains concerts.

A 18 ans, je suis devenu membre du chœur Les Cris de Paris et l’exemple de son chef, Geoffroy Jourdain, a été d’une importance primordiale pour la suite de mon parcours. Pierre Cao, qui a été un vrai professeur pendant un an et demi, m’a également beaucoup apporté, tout comme ce que j’ai pu retirer de collaborations avec Daniel Reuss, Ton Koopman – pour sa dimension humaine, son énergie, même si je ne partage pas toutes ses options -, mais aussi Vincent Dumestre, Jordi Savall, Gabriel Garrido, etc.

Premier CD de l’Ensemble Pygmalion, concerts : toute votre actualité est en ce moment placée sous le signe de J.S. Bach. Faut-il y lire un désir de spécialisation ?

R.P. : La Maîtrise des Petits Chanteurs de Versailles a eu, comme je vous le disais, une énorme importance dans ma formation. J’y ai participé à une intégrale des cantates de Bach avec plusieurs ouvrages chaque mois. La première œuvre que j’y ai chantée est la Passion selon Saint Jean : je me souviens de ce moment, du « déclic » qui s’est produit. Bach est le compositeur qui me fascine le plus et me parle le plus.

Il pouvait sembler culotté, risqué, de consacrer le premier enregistrement de Pygmalion à Bach, mais c’est ce dont nous avions envie, ce qui nous parlait et ce qui fait que l’ensemble existe (Pygmalion est né en 2005 dans le cadre du European Bach Festival). Nous avons choisi les Messes brèves BWV 234 et 235, des œuvres parfois un peu sous-estimées. J’ai tenu à ce que notre premier disque commence par le Motet Der Gerechte kommt um, une pièce que je trouve absolument incroyable et qui a fédéré beaucoup de choses humainement et musicalement dans l’ensemble. L’interpréter en concert a constitué une expérience très forte pour les membres de Pygmalion.

Bach va être associé, à partir du printemps 2009, à une actualité très importante de l’ensemble dans le domaine de la musique contemporaine. Nous inaugurons pour les trois ans à venir une série de commandes à de jeunes compositeurs. Il s’agit de les intéresser aux instruments anciens en leur proposant d’écrire une œuvre qui sera placée en regard de deux cantates de Bach. C’est avec Vincent Manach que nous amorçons ce qui pourrait nous conduire à quelque chose de plus important par la suite. Peut-être un projet lyrique qui consisterait à réunir Pygmalion de Rameau à un petit opéra sur la vie de Camille Claudel.

Vous demeurez très actif en tant que contre-ténor. Quel sont les temps forts de la saison en ce domaine ?

R.P. : Dans le cadre des Cris de Paris, où je continue à chanter, je participe en ce moment à « La La La », un opéra en chansons mis en scène par Benjamin Lazar – avec lequel j’ai souvent eu l’occasion de collaborer et que j’apprécie beaucoup. Je fréquente en général plutôt ce répertoire chez moi devant ma radio et c’est là une expérience qui me procure beaucoup de plaisir !

En novembre, à l’Opéra de Bordeaux, des madrigaux de Schütz et des psaumes de Sweelinck me donneront l’occasion de collaborer pour la première fois avec Gustav Leonhardt. Un grand Monsieur que je suis heureux de pouvoir approcher.

Le travail autour d’Alessandro Scarlatti avec l’Ensemble Baroque de Nice et Gilbert Bezzina se poursuit. Outre La Giuditta, qui sera reprises plusieurs fois l’année prochaine, nous allons donner Agar et Ismaele, un autre très bel oratorio, en mai 2009.

Par ailleurs, en tant que chef, je continue de travailler avec le Chœur O Trente (un ensemble constitué d’une trentaine de chanteurs amateurs de haut niveau que j’ai fondé il y a deux ans). Nous préparons un programme Britten-Poulenc pour décembre. En avril, à Levallois, nous nous associerons à un ensemble de vents dans de grandes pages profanes et sacrées de Schubert et Brahms.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 7 octobre 2008

(1) 1 CD Alpha/130

Pygmalion en concert. « De Bach à Bach ». www.ensemblepygmalion.com

Le 19 octobre 2008, à 17h. Eglise Saint Paul/ Ivry-sur-Seine.

Le 21 octobre 2008, à 20h30. Eglise Saint-Roch/Paris.

Les prochains concerts à l'église Saint-Roch

Voir un extrait vidéo de la Giuditta de Scarlatti par Raphaël Pichon avec l’Ensemble baroque de Nice

Photo : DR

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