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4ème Midsummer Festival d’Hardelot - Heures exquises - Compte-rendu
L’Heure exquise : le titre que l’Ensemble Contraste, invité du soir du 4ème Midsummer Festival d’Hardelot, a donné à son programme, par référence à la célèbre mélodie de Reynaldo Hahn, aurait aussi pu être utilisé pour le concert que Les Musiciens de Saint-Julien ont offert un peu plut tôt. Vrai délice en effet que cette balade dans la musique de chambre des îles britanniques au XVIIIe siècle. Aussi virtuose du traverso et de la flûte à bec que de la musette, François Lazerevitch force l’admiration par l’imagination sonore et l’irrésistible sens rythmique qu’il manifeste, parfaitement secondé par Julien Léonard (viole de gambe), Miguel Henry (théorbe et cistre) et Marie Bournisien (harpe).
La fine équipe ainsi formée distille du bonheur au fil de pièces savoureuses, telles celles de James Oswald, nourries d’airs écossais. L’intérêt du concert des Musiciens de Saint-Julien aura aussi été de montrer comment des auteurs étrangers ont su se mettre au goût britannique en accommodant des mélodies populaires comme le fit Geminiani avec l’air Auld Rob Morrice. Inévitable dans un tel programme, Haendel est représenté par sa Sonate op 1 n°11 pour flûte à bec et continuo. La variété des attaques de François Lazarevitch éblouit, là tout comme dans l’illustre Folia (Sonate op 5/12) de Corelli, enlevée avec une solaire maestria. Quant à la France, elle est représentée par François Dieupart : l’élégance du soliste, cette fois au traverso, nous vaut une Suite en si mineur aussi charmeuse que stylée. « La musique doit humblement chercher à faire plaisir », disait Debussy. De ce point de vue, elle aura pleinement atteint son but lors du concert des Musiciens de Saint-Julien, tout comme avec celui de l’Ensemble Contraste.
On y attendait Karine Deshayes, souffrante elle a été remplacée par Magali Léger. Sans rien changer au programme, celle-ci donne la mesure de son éclectique talent, dans des mélodies françaises comme - au moment des bis - dans des extraits de comédies musicales (West Side Story, Cats). Difficile de résister au charme de la mezzo dans L’Heure exquise de Hahn, d’un chic sans mièvrerie auquel la finesse de l’accompagnement de Johan Farjot contribue aussi. Le violon d’Arnaud Thorette se joint à eux deux pour un chaleureux Soir de Gounod, le violoncelle d’Antoine Pierlot pour une prégnante Elégie de Massenet. On doit à Johan Farjot un bel arrangement pour trio avec piano de La Bonne Chanson de Fauré. Les cinq extraits qu’en offre Magali Léger émeuvent par la franchise et l’intensité de leur expression. Et que d’amicale complicité entre des musiciens qui respirent d’un même souffle. Leur concert comporte deux épisodes purement instrumentaux : la Phantasy pour quatuor avec piano de Bridge où la foisonnante polyphonie d’une partition trop rare dans les concerts se déploie avec un généreux lyrisme (Maria Mosconi est à l’alto), et la Méditation de Thaïs, page illustre pour laquelle l’archet d’Arnaud Thorette s’unit, radieux, au jeu coloré et attentif Johan Farjot. Heure exquise…
Alain Cochard
Combette, Château d’Hardelot, 22 juin 2013
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Photo : DR
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