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5ème Concours International de Composition de Prades - Un 1er Prix coréen - Compte-rendu
Le Festival de Prades ne vit pas que dans le souvenir de Pablo Casals et le répertoire auquel on associe d’abord aujourd’hui le violoncelliste catalan – en oubliant souvent que le légendaire interprète de Bach fut aussi un actif défenseur de la musique de ses contemporains... Sous l’impulsion de son directeur artistique, Michel Lethiec, la manifestation s’est au fil des ans ouverte à la musique d’aujourd’hui et comporte depuis une décennie un Concours de composition biennal qui présente l’originalité de réunir un jury mêlant compositeurs et interprètes (1). Au terme de la sélection effectuée parmi une quarantaine de candidatures, la finale du 5ème Concours mettait en compétition trois œuvres de musique de chambre, respectivement signées de la Coréenne Sae-Ahm Kim (photo), de l’Allemand Christoph Weiss et de l’Italo-Anglais(2) Robert David Rusconi.
Conditions idéales pour les jeunes compositeurs, force est de le reconnaître, que celles dans lesquelles leurs œuvres sont créées (le Concours de Prades n’accepte que des partitions inédites). Une semaine de travail à Paris avec les instrumentistes de l’Ensemble Calliopée a en effet précédé une finale où l’on a pu juger de l’irréprochable préparation d’interprètes placés sous la direction d’un jeune chef rompu au répertoire contemporain, Marc Desmons, mais aussi du niveau des trois candidats réunis. C’est d’ailleurs pourquoi, plutôt que de décerner son Prix et de laisser repartir bredouille les deux autres candidats, le jury a pris la décision d’attribuer un 2ème Prix ex-aequo.
Avec Danse Macabre, pour violon, violoncelle, flûte, clarinette et piano, Sae-ahm Kim (1er Prix) manifeste à 26 ans seulement une maîtrise remarquable. La formation de cette jeune artiste s’est pour l’instant faite uniquement dans son pays natal (elle a en particulier travaillé avec Shinuh Lee au sein de la Seoul National University). Fragmentation dans l’unité : la formule pourrait résumer l’impression qui se dégage de l’audition d’une pièce où l’attention de l’auditeur ne se relâche pas un instant tant le foisonnement des timbres, des événements sonores est porté par un propos a la fois très visuel et d’une grande cohérence formelle. On pourra réentendre l’ouvrage cet été dans le cadre du 61e Festival de Prades (3).
Conçue pour flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle et piano, Omnia Mutantur de Robert David Rusconi (2ème Prix ex aequo) invite à une hypnotique oscillation entre rêve et réalité ; à « un voyage personnel dans un multi-univers » pour reprendre la formule de l’auteur. Les musiciens de l’Ensemble Calliopée font totalement corps avec la prégnante mouvance du matériau sonore, avec le déroulement d’une œuvre dont la conclusion, très poétique, donne l’impression que la musique s’évade dans un lointain mystérieux.
S’inspirant des 14ème et 15ème Quatuors de Milhaud (que l’on peut réunir en octuor), Christoph Weiss (2ème Prix ex aequo) à imaginé avec Shading a changeable timeframe une pièce pouvant être interprétée en trio violon-cor-piano, en trio clarinette-violoncelle-piano ou en quintette violon, violoncelle, clarinette, cor et piano. Cette dernière formule est adoptée à Prades pour une création qui révèle un compositeur très attentif aux timbres instrumentaux. Il fait ainsi un usage séduisant du cor (souvent utilisé avec sourdine, celui-ci joue un rôle pivot produisant d’étonnants effets de miroitement sonore), ou encore d’apartés entre la clarinette et le piano.
Alain Cochard
Prades, Salle du Foirail, 6 avril 2013
(1) Le Jury du 5ème Concours réunissait, pour les compositeurs, Marc-André Dalbavie, Toshio Hosokawa, Jörg Widmann et, pour les interprètes, Barry Douglas, Michel Lethiec, Vladimir Mendelsssohn et Arto Noras.
(2) Il serait plus exact d’écrire Italien « réfugié culturel » au Royaume Uni, comme l’artiste aime à se définir
(3) Du 26 juillet au 13 août 2013 / Programmation détaillée : www.prades-festival-casals.com.
Site de l’Ensemble Calliopée : www.ensemblecalliopee.com
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Photo : DR
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