A l'occasion de sa 8ème édition, le Festival Massenet aborde le musicien français sous l'angle du sacré avec le "miracle en trois actes" Le Jongleur de Notre-Dame et l'oratorio Marie-Magdeleine. En plus de ces ouvrages, la manifestation fait également place quinze jours durant à la danse, à des concerts, un colloque, des conférences et une exposition.

Avec Le Jongleur de Notre-Dame et Marie-Magdeleine le Festival Massenet est plus que jamais fidèle à son objectif initial : faire redécouvrir des partitions oubliées du musicien d'origine stéphanoise.
" Quoi m'écriai-je, une pièce sans rôle de femme, sinon une apparition muette de la Vierge !" (…) A peine eus-je parcouru le premières scènes que je me sentis devant l'œuvre d'un véritable poète, familiarisé avec l'archaïsme de la littérature du Moyen Âge." Ainsi Massenet narre-t-il(1) la découverte enthousiaste au printemps 1900 de la pièce de Maurice Léna : Le Jongleur de Notre-Dame.

Terminé en 1901, l'ouvrage fut créé à Monte-Carlo le 18 février 1902. Le succès fut au rendez-vous sur le Rocher, puis à Paris à partir de 1904 et bientôt outre-Atlantique (création à New York en 1908). Le Jongleur a depuis longtemps disparu des scènes et le 8ème Festival Massenet va comme de coutume satisfaire la curiosité de l'amateur de raretés lyriques avec une production mise en scène par Jean-Louis Pichon (directeur général du festival), dirigée par le jeune chef Laurent Campellone, et réunissant Jesus Garcia (Jean) et Lionel Lhote(Boniface) dans les rôles principaux (les 10, 13 et 15 nov.).

Le sacré est également présent avec un ouvrage non moins rare du musicien : l'oratorio Marie-Magdeleine. Fruit d'une longue gestation (1864-1873), sa création fut l'un des premiers grands succès de Massenet et lui valut les éloges de Saint-Saëns et de Bizet. Hormis le merveilleux air "Ô mes sœurs" inclus dans l'un des plus beaux enregistrements de Régine Crespin (2), on ne se souvient plus guère aujourd'hui d'une partition qu'il sera possible d'entendre à deux reprises (12 et 14 nov.) sous la baguette de Jean-Pierre Loré (à la tête de l'Orchestre Leopolis et avec le concours des Chœurs lyriques de Saint-Etienne, du Groupe Vocal Universitaire et du Chœur Ikonos), avec le voix de Cécile Perrin, Marie-Thérèse Keller, Patrick Garayt et Guy Bonfiglio.

Temps fort du 8ème Festival, Le Jongleur et Marie-Magdeleine ne résument cependant pas la manifestation. La danse y trouve aussi sa place avec La Cigale (un spectacle du CCN-Ballet Biarritz proposé en première partie des soirées dédiées au Jongleur), mais aussi La plus féroce des fées, une création d'origine stéphanoise dédiée au jeune public (14, 15 et 16 nov.).
Qui s'en étonnera ? - Massenet occupe la totalité du récital de mélodies que Marie-Thérèse Keller donne avec Claude Lavoix au piano (17 nov.). Envie de musique instrumentale ? Le Quatuor Debussy et Dana Ciocarlie(16 nov.), le Quintette Thaïs (18 nov.), le Trio Con Fuoco (22 nov.) et le pianiste Eduard Stan (24 nov.) sont à l'affiche dans des programmes majoritairement français incluant toujours un ouvrage de Massenet. Ce dernier occupe en revanche la totalité du concert de l'Orchestre de Saint-Etienne dirigé par Patrick Fournillier (25 nov.) - où figure par exemple la musique de scène pour "Les Erinyes" de Leconte de Lisle.

Enfin, le colloque "opéra et religion sous la IIIème République" (les 10 et 11 novembre) aborde un thème aussi opportun qu'intéressant, tandis que l'on célèbre le centenaire de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Alain Cochard

8ème Festival Massenet. Saint-Etienne. Du 10 au 26 novembre. Programme détaillée

(1) Massenet : "Mes Souvenirs" (Ed. Plume)
(2) Régine Crespin chante l'Opéra Français (1CD Accord 476 072-2)

Photo : DR