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Adrien Perruchon et L’Orchestre Lamoureux à l’Auditorium du Louvre – Inspirations antiques – Compte-rendu
Le 17 novembre aura été marqué par un concert réussi, mais restera aussi comme la date de la première apparition de l’Orchestre Lamoureux (en formation réduite) dans la saison musicale de l’auditorium du Louvre pour un programme « Inspirations antiques » en lien avec l’exposition « Paris-Athènes » que le musée présente jusqu'au 7 février.
Debussy, Massenet, Stravinsky : les compositeurs retenus sont célèbres et, pourtant, l’originalité et l’inattendu vont dominer au cours d’une soirée en une seule partie.
Plein de mystère et de sensualité, pareil à une prière dans la nuit finissante, Syrinx par Marion Ralincourt tient lieu de prélude, avant que l’orchestre n’attaque les Epigraphes antiques (originellement pour piano à quatre mains), chef-d’œuvre tardif (1914) de Debussy que l’on découvre dans la belle orchestration de Jean-Claude petit. De l’invocation à Pan aux remerciements à la pluie du matin, Adrien Perruchon sonde les climats des six pièces avec un grand sens de la couleur et du détail. Suit la transcription par Arthur Lavandier du Prélude à l’après-midi d’un faune. La présence d’un piano dans cet arrangement peut surprendre et semble par moments s’opposer à l’aérienne souplesse de l’ouvrage – peut-être une manière de rappeler, comme le disait Debussy, que le berger joue de la flûte « le cul dans l’herbe » ... – mais, à nouveau, on ne résiste pas un instant au timbre charnu et prenant de M. Ralincourt (1).
Les amoureux du piano debussyste connaissent La Plus que lente dans sa version originale de 1910, bien moins dans l’orchestration du compositeur, de deux ans postérieure, pour flûte, clarinette, piano, cymbalum et cordes. Adrien Perruchon en offre une interprétation pleine d’élégante désinvolture — l’excellent Siegfried Courteau est au cymbalum. La Valse très lente (1901) de Massenet lui répond avec un irrésistible charme Belle Epoque et une délicatesse de coloris remarquable – les dernière mesures de la pièce paraissent littéralement suspendues en l’air.
Plein de relief et d’humour, le Ragtime pour onze instruments de Stravinsky offre une tonique transition vers des extraits de la musique de scène que le jeune Massenet écrivit au tournant de l’an 1872 pour la tragédie Les Erinnyes de Leconte de Lisle. Danse grecque, La Troyenne regrettant sa patrie perdue, Scène religieuse et invocation : les trois premières pièces soulignent les sens des atmosphères d’Adrien Perruchon (aidé par le hautbois plein de nostalgie de Florine Hardoin dans La Troyenne), avant que les Saturnales ne se déchaînent in fine, montrant avec souffle et énergie rythmique l'imagination avec laquelle Massenet exploite à plein un effectif instrumental somme toute réduit.
Le prochain concert en écho à l’expo « Paris-Athènes » sera donné par Ismaïl Margain et Guillaume Bellom (pianos), le 10 décembre, autour du thème « Faunes, héros et berger » (Debussy, Saint-Saëns, Ravel)
Quant à l’Orchestre Lamoureux, on s’attendait à le retrouver le 6 décembre à la Seine Musicale avec Michel Plasson et Jean-Philippe Collard dans un programme Groupe des Six. Le programme devant être doublé en Autriche (à Linz), pays présentement reconfiné, il a été reporté au 15 février.
Alain Cochard
(1) Signalons que Marion Ralincourt, par ailleurs membre de l’orchestre Les Siècles, vient de signer un beau disque Bach – Reich dans la série « Les Siècles » de #NomadMusic, programme pour lequel elle alterne entre traverso et flûte moderne (NMM090)
Paris, auditorium du musée du Louvre, 17 novembre 2021
Site de l’Orchestre Lamoureux : orchestrelamoureux.com
Photo © Maxime Riche
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