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Aida à l’Opéra Bastille – Sondra Radvanovsky intense et souveraine – Compte-rendu

Loin des rives du Nil, de ses roseaux délicats et de ses temples inondés de soleil, l'Aida imaginée par Olivier Py, sinistrement transposée dans une Italie dévastée par la guerre, où l'or spolié s'accumule à mesure que les corps suppliciés s'entassent, avait donné la nausée. La direction de l'Opéra de Paris a heureusement veillé à réunir pour cette première reprise une distribution de très haut niveau pour garantir au public une « croisière musicale » sans accroc.
 
Si Oskana Dyka était passée à côté du rôle-titre en 2013, Sondra Radvanovsky y est éblouissante. Verdienne dans l'âme, la soprano réussit un parcours sans faute, de bout en bout libre, intense et souveraine. De ce personnage sous pression, contraint au silence ou à la délation, la cantatrice brosse un portrait harmonieux, sensible et émouvant, au jeu racé, la plénitude de son chant, le charme de ses phrasés et sa culture musicale lui permettant d'atteindre des sommets. Il y a bien longtemps que nous n'avions entendu ligne aussi souple, legato aussi dense et notes filées pianissimo aussi longues et pas uniquement sur l'ut tant attendu du « O patria mia », ici tout simplement exceptionnel. Une leçon.
Son Radamès, Aleksandrs Antonenko, met du temps à fendre l'armure, un rien tendu dans son air d'entrée, le vigoureux soldat s'avérant bien plus intéressant une fois vaincu, face à Amneris (duo du 3ème acte), puis dans le charnier où l'attend Aida pour mourir. Anita Rachvelishvili (Amneris) est une rivale dont l’opulence vocale impressionne, toutes griffes et tous décibels dehors, éprouvée tout de même par une tessiture meurtrière qui malmène ses aigus dans la scène du Jugement. George Gagnidze n'a aucun mal à s'imposer dans le rôle d'Amonasro, qu'il interprète sans effet de manche, d'une voix fière et percutante, le Roi d'Orlin Anastassov et le Ramfis de Kwangchul Youn jouant les utilités sans s'investir plus que de raison. Impossible de passer sou silence la remarquable prestation des Chœurs de l'Opéra, d'une insolente beauté sonore (bravo à José Luis Basso ! ), l'Orchestre n'étant pas en reste grâce à la passionnante lecture de Daniel Oren, vibrante et triomphale selon les besoins du drame, mais toujours personnelle et foncièrement nuancée.
 
Ironie du sort, une panne des moteurs a rendu impossible la plupart des changements de décor au second acte, la débauche visuelle (char d’assaut doré, façades tournantes, charnier...), apparaissant ainsi bien plus sobre et....plus supportable. Comme quoi les avaries techniques ont parfois du bon.
 
François Lesueur

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Verdi : Aida – Paris, Opéra Bastille, 13 juin, prochaines représentations les 22, 25, 28, juin et les 1er, 4, 7, 9, 10, 12, 13 & 16 juillet 2016 / www.concertclassic.com/concert/aida-de-verdi-par-olivier-py

Photo © E. Bauer / Opéra national de Paris

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