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Akhnaten de Philipp Glass à l’Opéra de Nice-Côte d’Azur – Fascinante ouverture de saison – Compte-rendu
Akhnaten de Philipp Glass à l’Opéra de Nice-Côte d’Azur – Fascinante ouverture de saison – Compte-rendu
Les lignes lyriques bougent dans le Sud-Est. Après l’ouverture de l’Opéra Avignon-Grand Avignon rénové avec le Peter Grimes de Benjamin Britten, l’Opéra Nice-Côte d’Azur vient d’inaugurer sa saison avec Akhnaten de Philip Glass. Il faut y voir assurément l’empreinte de deux directeurs « nouvelle génération », Bertrand Rossi nommé à l’automne 2019 à Nice et Frédéric Roels un an plus tard dans la cité des papes. Et les deux ont réussi leur coup !
© Dominique Jaussein
Rien ne vaut le spectacle vivant. Et si l’Opéra de Nice avait proposé Akhnaten en streaming en novembre 2020 pour cause de confinement, c’est en live et en présentiel (le mot est désormais à la mode) que l’ouvrage de Philip Glass vient d’être donné. Une réelle prise de risque au pays du Verdi-roi (Macbeth est programmé en mai 2022) et des virtuosités rossiniennes, mais une prise de risque assumée et remarquablement accueillie par un public dominical parfois surpris mais totalement fasciné. Il faut dire que l’histoire du pharaon Akhenaton, revue par Philip Glass pour achever une trilogie consacrée à des figures majeures dans l’histoire de la spiritualité humaine, ouverte par Einstein (on the beach, 1976) et poursuivie par le Mahatma Gandhi avec Satyagraha (1980), est un point d’orgue musical magistral (créé en 1984 à Stuttgart). Il y a du génie, mais pouvait-il en être autrement, dans cette composition qui se nourrit, notes après notes, de sa répétitivité, entraînant l’auditeur dans un univers parallèle hors du temps, lancinant mais totalement aérien. Une musique construite avec une extrême rigueur et qui évolue à chaque rupture de rythme, à chaque introduction de note dont la puissance et les tonalités graves sont renforcées par la réduction à minima de cordes, place étant laissée aux vents et aux percussions.
A la tête de l’orchestre philharmonique de Nice qui, à n’en pas douter, à passé de longues heures à travailler cette œuvre, Léo Warynski entraîne son monde, instrumentistes et public, dans les accents lancinants de la transe portant la partition vers les sommets de la musique répétitive et minimaliste.
Rien ne vaut le spectacle vivant. Et si l’Opéra de Nice avait proposé Akhnaten en streaming en novembre 2020 pour cause de confinement, c’est en live et en présentiel (le mot est désormais à la mode) que l’ouvrage de Philip Glass vient d’être donné. Une réelle prise de risque au pays du Verdi-roi (Macbeth est programmé en mai 2022) et des virtuosités rossiniennes, mais une prise de risque assumée et remarquablement accueillie par un public dominical parfois surpris mais totalement fasciné. Il faut dire que l’histoire du pharaon Akhenaton, revue par Philip Glass pour achever une trilogie consacrée à des figures majeures dans l’histoire de la spiritualité humaine, ouverte par Einstein (on the beach, 1976) et poursuivie par le Mahatma Gandhi avec Satyagraha (1980), est un point d’orgue musical magistral (créé en 1984 à Stuttgart). Il y a du génie, mais pouvait-il en être autrement, dans cette composition qui se nourrit, notes après notes, de sa répétitivité, entraînant l’auditeur dans un univers parallèle hors du temps, lancinant mais totalement aérien. Une musique construite avec une extrême rigueur et qui évolue à chaque rupture de rythme, à chaque introduction de note dont la puissance et les tonalités graves sont renforcées par la réduction à minima de cordes, place étant laissée aux vents et aux percussions.
A la tête de l’orchestre philharmonique de Nice qui, à n’en pas douter, à passé de longues heures à travailler cette œuvre, Léo Warynski entraîne son monde, instrumentistes et public, dans les accents lancinants de la transe portant la partition vers les sommets de la musique répétitive et minimaliste.
© Dominique Jaussein
Une interprétation en parfaite adéquation avec la vision onirique de Lucinda Childs. Le monde de Philip Glass, la metteuse en scène et chorégraphe américaine le connaît bien. En 1976 à Avignon, elle travaillait à ses côtés à la création d'Einstein on the beach. Pour cet Akhnaten, Lucinda Childs, bénéficiant des lumières parfaites de David Debrinay ainsi que des costumes superbes de Bruno de Lavenère et des vidéos d’Etienne Guiol, nous captive très rapidement et nous transporte dans un univers fascinant. Le plateau est occupé par un vaste disque doré et veiné, soleil omniprésent au cœur de l’œuvre et de la représentation. Le disque tourne, se soulève toujours avec délicatesse. Cette délicatesse qui semble présider aux différents tableaux toujours proches de la danse et d’une gestuelle raffinée – la danse, justement, avec un ballet, magique, au 2e acte ... L’intrigue, elle, n’est pas jouée mais contée en anglais par Lucida Childs dont le visage est projeté sur le rideau de fond de scène. Le rendu esthétique de l’ensemble est remarquable, l’utilisation de la vidéo complétant harmonieusement le dispositif scénique.
Au centre du disque solaire, le contre-ténor Fabrice di Falco est, vocalement et physiquement, un parfait Akhnaten. Elégant, voix limpide, harmonieux dans les aigus et possédant de beaux graves pour sa tessiture, il livre avec Julie Robard-Gendre (Nefertiti) un exceptionnel duo, l’un des grands moments de chant de la pièce. De la générosité, du velours et de la puissance chez la mezzo, fort applaudie au terme de la représentation dominicale. Patrizia Ciofi, en reine Tye, distille les couleurs de son chant. Le trio masculin Joan Martin-Royo (Horemhab), Frédéric Diquero (Amon) et Vincent le Texier (Aye) est d’une belle homogénéité tout comme le groupe des six princesses : Mathilde Le Petit, Rachel Ducket, Mathilde Lemaire, Vassiliki Koltouki, Laetitia Goepfert et Aviva Manenti. Idéalement préparé par Giulio Magnanini, le chœur maison s’adapte parfaitement à ce style musical très particulier. Une envoûtante ouverture de saison à deux pas de la promenade des Anglais …
Michel Egéa
Une interprétation en parfaite adéquation avec la vision onirique de Lucinda Childs. Le monde de Philip Glass, la metteuse en scène et chorégraphe américaine le connaît bien. En 1976 à Avignon, elle travaillait à ses côtés à la création d'Einstein on the beach. Pour cet Akhnaten, Lucinda Childs, bénéficiant des lumières parfaites de David Debrinay ainsi que des costumes superbes de Bruno de Lavenère et des vidéos d’Etienne Guiol, nous captive très rapidement et nous transporte dans un univers fascinant. Le plateau est occupé par un vaste disque doré et veiné, soleil omniprésent au cœur de l’œuvre et de la représentation. Le disque tourne, se soulève toujours avec délicatesse. Cette délicatesse qui semble présider aux différents tableaux toujours proches de la danse et d’une gestuelle raffinée – la danse, justement, avec un ballet, magique, au 2e acte ... L’intrigue, elle, n’est pas jouée mais contée en anglais par Lucida Childs dont le visage est projeté sur le rideau de fond de scène. Le rendu esthétique de l’ensemble est remarquable, l’utilisation de la vidéo complétant harmonieusement le dispositif scénique.
Au centre du disque solaire, le contre-ténor Fabrice di Falco est, vocalement et physiquement, un parfait Akhnaten. Elégant, voix limpide, harmonieux dans les aigus et possédant de beaux graves pour sa tessiture, il livre avec Julie Robard-Gendre (Nefertiti) un exceptionnel duo, l’un des grands moments de chant de la pièce. De la générosité, du velours et de la puissance chez la mezzo, fort applaudie au terme de la représentation dominicale. Patrizia Ciofi, en reine Tye, distille les couleurs de son chant. Le trio masculin Joan Martin-Royo (Horemhab), Frédéric Diquero (Amon) et Vincent le Texier (Aye) est d’une belle homogénéité tout comme le groupe des six princesses : Mathilde Le Petit, Rachel Ducket, Mathilde Lemaire, Vassiliki Koltouki, Laetitia Goepfert et Aviva Manenti. Idéalement préparé par Giulio Magnanini, le chœur maison s’adapte parfaitement à ce style musical très particulier. Une envoûtante ouverture de saison à deux pas de la promenade des Anglais …
Michel Egéa
Glass : Akhnaten – Nice, Opéra, 14 novembre ; dernière représentation le 16 novembre 2021 // www.opera-nice.org/fr/news/2021-11-06/akhnaten-de-philip-glass
Photo © Dominique Jaussein
Photo © Dominique Jaussein
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