Depuis dix ans, en chaque fin d’été, les Journées Romantiques investissent la Péniche Anako arrimée Quai de Seine dans le XIX^e arrondissement de Paris. Sous l’autorité bienveillante de David Selig est programmée une série de concerts consacrée tout autant au clavier, au chant à la musique de chambre, dans une atmosphère conviviale. La pianiste japonaise Akiko Ebi ouvrait le ban avec un récital dense où Jean-Sébastien Bach côtoyait Schumann et Chopin.
 
Artiste discrète mais musicienne de grand talent - une disciple d’Aldo Ciccolini  -, Akiko Ebi séduit d’emblée par la générosité de sa personnalité qui se transmet dans son art avec passion et naturel. Le Concerto italien BWV 971 retrouve le chemin d’une interprétation expressive, loin d’une conception « historiquement informée », où le sens poétique très attachant (Andante) le dispute à la franchise des couleurs (Presto). La Fantaisie de Schumann lui résiste quelque peu dans le premier mouvement. Toutefois, la soliste trouve progressivement ses marques avec une main gauche profonde et une technique qui surmonte les difficultés semées en chemin par le compositeur pour atteindre, in fine, un prégnant sentiment de paix intérieure.

En seconde partie, le florilège de pièces de Chopin participe d’un répertoire souvent défendu par celle qui fut lauréate du Concours de Varsovie en 1980. A deux Nocturnes de rêve, succède une Première Ballade emportée dans un bel élan, tout comme le Scherzo n°2, conduit avec une grande évidence narrative. Bien rare dans les concerts, la Tarantelle file avec agilité et goût exquis, prolongée en bis par une Ballade n°3 engagée et flamboyante qui déclenche les applaudissements fournis du public. Notez que les Journées Romantiques se prolongent jusqu'au 21 septembre.
 
Michel Le Naour

Paris - Péniche Anako, 12 septembre 2014
10^èmes Journées Romantiques, jusqu’au 21 septembre 2014
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