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Alexander Ghindin en récital à Radio France – Vous avez dit aphorisme ? – Compte-rendu
Le récital d’Alexander Ghindin (photo) aura permis d’entendre des pièces particulièrement rares et mis en valeur les qualités de miniaturiste de l’interprète. Les Aphorismes op. 13 montrent un Chostakovitch à la recherche de lui-même. Avec une palette de couleurs plutôt resserrée, le pianiste aborde plus la musique en dessinateur qu’en peintre et saisit avec une justesse l'esprit de ces dix miniatures, avant de se lancer dans les Excentricités, 6 esquisses op. 25 de Miaskovski (avec un n° 2 Allegro tenebroso e fantastico très prenant), puis les Cinq Préludes de Roslavets dont il souligne la filiation scriabinienne.
On n’est pas moins séduit par La Faute de Demoiselle Mort de Lourié (mention spéciale pour un magnifique Allegro, mesuré, entre ivresse et vertige) ou encore les Trois Pièces op. 23a de Mossolov, pleines d’échos d’un univers machiniste, du métal de la faucille et du marteau – elles sont exactement contemporaines (1927) des Fonderies d’acier.
Changement de format et d’époque en fin de programme avec la 6ème Sonate de Prokofiev : un mauvais choix de la part d’un interprète qui ressort sans doute cet ouvrage redoutable après un longue période d’abandon. Le nez dans la partition, Ghindin marche sur des œufs et passe à côté de la violence des 1er et 4ème mouvements (méchant dérapage, heureusement contrôlé à temps, dans le finale). Les bis (le Prélude en ré mineur, sans numéro d’opus, écrit par Rachmaninov en 1917 – une sorte de « prélude à l’exil » – et la fameuse Vocalise) rattrapent heureusement ce discutable Opus 82.
Alain Cochard
Photo © alexanderghindin.com
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