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Arcadi Volodos, James Conlon et l’Orchestre de Paris – Beethoven transfiguré – Compte-rendu

Le chef américain James Conlon, peu présent en France depuis son départ en 2004 de l’Opéra National de Paris pour les Etats-Unis, retrouve l’Orchestre de Paris, une phalange qu’il a souvent dirigée. Son expérience et sa maîtrise transparaissent dès l’Ouverture d’Oberon de Weber conduite avec énergie, sollicitant petite harmonie et cuivres (superbe cor de Benoît de Barsony).
 
En soliste dans le 3ème Concerto de Beethoven, Arcadi Volodos, force tranquille mais feu intérieur, transfigure la partition, imposant son tempo, prenant le temps de faire parler la musique (le Largo devient une prière tant le soliste lui donne une dimension métaphysique). Chaque note prend sa signification, chaque nuance s’intègre dans une conception d’ensemble. La cadence de l’Allegro con brio initial se mue en un mouvement de sonate soulevé par un fleuve puissant, torrentiel. Une véritable recréation qui ne nous lâche pas un seul instant y compris dans le ludique Rondo final.
 
Après l’entracte, l’arrangement par James Conlon de la Suite d’orchestre de Lady Macbeth de Mtzensk laisse perplexe. Le désir d’approcher un public non amateur d’opéra apparaît tout à fait louable, mais dessert finalement la partition de Chostakovitch. Cette belle exécution orchestrale traîne en longueur bien que les pupitres de l’Orchestre de Paris rivalisent de virtuosité et d’engagement, sans jamais réussir à rendre l’urgence exacerbée et expressionniste de ce drame sans voix. Mieux vaut rester sur l’impression extatique procurée par Arcadi Volodos en première partie de concert !  
 
Michel Le Naour
 
Paris, Philharmonie 1, 29 avril 2015

Photo © DR

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