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Ariane retrouvée à l’Opéra Bastille
Le chef d’œuvre de Dukas, et l’allégation n’est pas usurpée, retrouve depuis quelques saisons le chemin des salles lyriques : Gardiner, avec Yvonne Naef !, l’a fait découvrir à un public zurichois médusé. Paul-Emile Fourny en avait signé pour Nice et New York une mise en scène aussi inspirée qu’esthétiquement parfaite.En confiant la régie à la décoratrice de Christoph Marthaler, Anna Viebrock, Gérard Mortier prend-t-il toute la mesure des risques ?
Nous verrons bien. Et le soprano hochdramatisch de Deborah Polaski, Elektre, Brunnehilde, n’est-il pas trop lourd pour un emploi qu’on entend plus brillant ? Il ne faut pas oublier que l’Ariane absolue fut Suzanne Balguerie, formée à l’école gluckiste pour laquelle le mot est tout. On craint un peu le français de Polaski. Mais il ne faut pas bouder ce revival tant attendu : Paris n’a plus revu Ariane depuis la production ridicule proposée par le Châtelet voici bien vingt ans. Barbe Bleue y arrivait en hors-bord sur les toits de Lutèce. Au secours !
Deux luxes dans la distribution : Willard White (photo) pour les quelques mots de Barbe-bleue, et la Nourrice de Felicity Palmer. Cambreling semble bien choisi pour trouver le ton juste de cet orchestre passant incontinent des diaprures de La Péri à des ombres venues de Pelléas et dont la provenance est soulignée plus d’une fois par Dukas lui même : ainsi Mélisande entre sur le thème même du Pelléas de Debussy.
Jean-Charles Hoffelé
Paul Dukas : Ariane et Barbe-Bleue, Opéra Bastille, Paris, les 13, 17, 21, 24, 28 septembre et les 2 et 6 octobre.
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Photo : DR
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