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Astre tragique
On a encore dans l’œil les noires splendeurs d’ « Era la notte », Anna Caterina Antonacci et Juliette Deschamps ne nous laissent pas le temps de les dissiper, elles reviennent hanter pour deux soirs la scène du Théâtre des Champs-Elysées avec d’autres tragédiennes. « Altre Stelle » nous propose autant de portraits de femmes, de la Phèdre ramiste à la Didon et à l’Ophélie de Berlioz en passant par cette Médée de Cherubini pour laquelle, au Capitole, elle avait simplement convoqué les mânes de Callas. Car c’est bien la seule équivalence qu’on trouve à Antonacci, verbe habité jusqu’à la déchirure (mais aussi conscient des esthétiques qu’il traverse), et geste tragique porté par les bras les plus expressifs du monde, mais aussi cet œil, et ce masque du visage où le chant se lit autant dans l’expression qu’il s’entend.
Avec Antonacci l’œil écoute, Juliette Deschamps l’a bien compris qui lui fournit un écrin (de moire, de flambeau, d’armes, de bougies) et l’aide simplement à placer ses mouvements qui ordonnent ou implorent. Collaboration de femme, subtile, perçante, implacable. Il y a beaucoup d’indicible au-delà de tout ce qu’elles disent dans leur étrange communion, les textes y sont comme traqués, les personnages résumés à leur drame. Ce théâtre sans théâtre, ce récital d’action sans action n’est rien moins qu’un nouveau genre inventé avec le XXIe siècle, mais aussi une entreprise historique toujours soucieuse de vérité stylistique : cette fois pour nous transporter de baroque en romantisme, ce seront justement Les Siècles et François-Xavier Roth qui animeront la fosse. Ne manquez pas cette seconde épopée.
Jean-Charles Hoffelé
« Altre Stelle », selon Anna Caterina Antonacci et Juliette Deschamps, Théâtre des Champs-Elysées les 27 et 30 avril 2009
> Programme du Théâtre des Champs-Elysées
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Photo : A. Yañez
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