Journal
Autour de la mazurka - Cédric Tiberghien en récital au TCE
On a trop peu entendu Cédric Tiberghien à Paris depuis quelques mois. Tandis qu’un passionnant CD Chopin paraît chez Harmonia Mundi(1), le pianiste fait une halte sur la scène du Théâtre des Champs Elysées. Ne la manquez pas car il prendra vite ensuite le chemin de l’Angleterre, puis du Japon. L’Angleterre ? « Une histoire d’amour », dit-il d’un pays avec lequel il entretient une relation plus que privilégiée depuis sa participation, il y a quelques années, au programme « New Generation Artists » de la BBC. « J’y ai fait beaucoup de musique de chambre cette année, en particulier avec Alina Ibragimova. Nous avons consacré énormément d’énergie à la préparation de l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven, donnée au Wigmore Hall – et enregistrée live. Nous avons par ailleurs joué ensemble en Allemagne, en Autriche, au Canada. »
Parmi les plus demandés des jeunes pianistes français sur le plan international, Tiberghien s’envole souvent aussi vers l’Asie. Il a participé à la Folle Journée de Tokyo en mai dernier et entretient une excellente relation avec le Hong Kong Sinfonietta. L’Australie est l’une des autres destinations favorites du pianiste : il rentre tout juste d’une tournée d’un mois là-bas, heureux «des conditions exceptionnelles dans lesquelles on y travaille » et plein de projets pour l’avenir.
Avec le récital Chopin qui sort ces jours-ci chez Harmonia Mundi, Tiberghien livre l’un des enregistrements les plus signés de cette année du bicentenaire. « Harmonia Mundi m’a donné carte blanche pour un programme très personnel. Je me suis alors souvenu d’un projet que j’avais eu il y a quelques années d’un récital Chopin avec pour fil rouge des Mazurkas. Je souhaitais toutefois garder des œuvres plus vastes qui jalonnent le parcours du musicien : le Scherzo n°1, la rage de la jeunesse, la Polonaise-Fantaisie, un choix incontournable car j’ai un rapport privilégié avec cette œuvre depuis très longtemps ; elle est à la fois résumé de l’inspiration chopinienne et fenêtre ouverte sur le futur, et le Nocturne op 48 n°1, qui souligne l’amour du chant de Chopin et le montre capable de raconter toute une histoire totalement dramatique. »
Le récital du 17 novembre au TCE garde la mazurka pour fil conducteur, mais à celles de Chopin (dont on entend aussi le Scherzo n°1, le 13e Nocturne et la Polonaise-Fantaisie) s’ajoutent des pièces d’autres compositeurs : Scriabine, « très marqué par Chopin, mais d’une couleur vraiment particulière », Szymanowski, et Tansman, « compositeur passionnant dont les mazurkas font entendre un langage singulier ; on y entend du Ravel, du jazz, presque du Bartok ; un mélange de styles qui donne une couleur propre à cet auteur. »
Szymanowski ? « Un compositeur génial que j’ai de plus en plus envie de défendre »(2), s’enthousiasme Tiberghien ! On se prend à rêver des Métopes, des Masques ou de la Sonate n°3 sous les doigts d’un interprète au jeu aussi intense que subtil …
Alain Cochard
(1) Harmonia Mundi 902073
(2) Rappelons que Cédric Tiberghien a déjà enregistré l’intégrale de l’œuvre pour violon et piano de Szymanowski avec Alina Ibragimova pour Hyperion (CDA67703)
Cédric Tiberghien (piano)
(œuvres de Chopin, Scriabine, Szymanowski, Tansman)
17 novembre 2010 – 20h
Paris – Théâtre des Champs-Elysées
Pour en savoir plus sur BBC New Generation Artists :
www.bbc.co.uk/radio3/classical/newgenerationartists
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Photo : DR
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