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Baden Baden (Allemagne) - Compte-rendu : Hilary Hahn souveraine

Depuis ses débuts sur la scène internationale, notamment marqués en 1997 par son époustouflant enregistrement des Partitas de Bach, Hilary Hahn mène une carrière exemplaire. Dans un style bien à elle, avec décontraction et disponibilité, prouvant que ce n’est pas incompatible avec travail et rigueur. Ses choix sortent parfois des sentiers battus comme en témoigne sa participation remarquée sur la bande originale du film réalisé par Night Shyamalan, « le Village », ou encore sur le dernier album du groupe alternatif « And You Will Know Us By the Trail of Dead ».

Un état d’esprit qui se retrouve également dans son répertoire. Sa facilité à aborder chaque époque, en y ajoutant une touche personnelle, impressionne. Sa performance du 10 février dernier, à la Festspielhaus de Baden Baden, va dans ce sens là, nous faisant redécouvrir des qualités d’expression insoupçonnées dans le Concerto n°8 de Ludwig Spohr.

Le concert débutait avec la Symphonie en sol majeur KV129 de Mozart et Ruben Gazarian à la tête du Württembergisches Kammerorchester. On peut regretter une emphase inutile dans l’Andante. Dans l’Allegro, des problèmes d’équilibre entre les cordes et les cuivres avec les violoncelles en retrait et le cor qui les couvre. De belles nuances auguraient toutefois de plus d’engagement par la suite.

Dans le Concerto de Spohr, l’ensemble allemand donna une belle réplique à Hilary Hahn avec des dialogues fins et millimétrés. Contrairement à ce qui a pu être parfois écrit, la partie des cordes n’est pas si aisée et les enchaînements exigent beaucoup de précision. La complicité est de mise entre l’Américaine et le chef. Son jeu chaleureux et vibrant, occupe pleinement l’espace créant une atmosphère intime avec le public. Dès lors plus « humaniste » que classique, cet ouvrage se distingue par ses parties solos hautement virtuoses - difficultés sur lesquelles « surfe » la jeune soliste. Servie par une dextérité limpide et une grande justesse d’intonation, sa lecture d’ensemble, aérée, pertinente, révèle une vraie sensibilité et ne repose pas uniquement sur la technique.

Après l’entracte, moment de grâce avec le splendide Lark Ascending de Vaughan Williams. Pureté d’expression, transparence, poésie…. Nous suivons l’envol de l’alouette et son périple, transportés et touchés. Un silence religieux précède d’ailleurs de plusieurs secondes l’ovation du public. En bis, une Sarabande de Bach, intériorisée ; un modèle du genre. La soirée se terminait avec la Sérénade pour cordes op.48 de Tchaikovski. Dans une attitude très théâtrale, le chef fit corps avec ses musiciens pour exploiter la richesse harmonique de l’œuvre ainsi que son lyrisme raffiné.

Florence Michel

Festspielhaus de Baden Baden, le 10 févier 2006.

Photo : DR
 

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