C’est un vrai bouquet de printemps que cette délicieuse petite exposition abritée par la Mairie du 9e arrondissement parisien, qui donne envie de rire et de danser : en fait elle relate avec force documents, irrésistibles de drôlerie et de talent, la vie trépidante de ce cabaret, né en 1904 au 36 de la rue Victor Massé, et installé dans un sublime immeuble Art Nouveau par Auguste Bosc, amuseur public. Les soirées qui s’y déroulaient étaient certes lestes mais on savait y manier l’humour et la virtuosité pour le plaisir de se divertir. En avant jupons et french cancan, surtout après que le Moulin Rouge eut brûlé en 1921.

 La suite s’écrit ensuite sous la signature de Pierre Sandrini, et Pierre Dubout, qui en font un music-hall où les plus fameuses célébrités de l’entre-deux guerres viendront faire la fête, de Joséphine Baker à Marlène Dietrich. Et comme souvent, l’expo est née d’une rencontre, celle d’Anne-Marie Sandrini, petite-fille de Pierre, danseuse elle-même, avec une ancienne danseuse étoile de l’Opéra dans sa parentèle, et d’Isabelle Calabre, journaliste spécialisée dans une danse sans frontières. Anne-Marie Sandrini possédait une collection fabuleuse d’affiches de photos, de croquis signés des plus grands, comme Erté ou Colin, de mots d’amours d’Eluard, de clichés de Man Ray, avec d’hilarants menus ou annonces de concours d’épaules (et autres…).
On baigne dans une joie de vivre et de bouger à la fois virtuose et sans prétention, et on se régale de ces froufrous, qui exhalent un parfum d’antan, bien oublié, d’autant que l’immeuble d’origine est aujourd’hui totalement disparu et remplacé par un quelconque commerce ! Souvenirs, souvenirs …

Jacqueline Thuilleux