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Barbara Hannigan et ses amis à l’Instant Lyrique (Salle Gaveau) - Abondance de biens - Compte-rendu
L’Instant Lyrique prend désormais ses quartiers Salle Gaveau. Le récital d’ouverture de saison en revient à Barbara Hannigan, qui s’est entourée de jeunes chanteurs issus du programme Equilibrium Young Artists qu’elle patronne. Une soirée éclectique et abondante, essentiellement consacrée à des mélodies du XXe siècle, majoritairement françaises, entre quelques incursions d’airs traditionnels et autres.
© Cédric Le Dantec / Agence Supernova
Comme de juste, Hannigan, qui ici délaisse sa baguette de cheffe, lance elle-même le programme, de sa voix de soprano intensément lyrique, avec une page de Claude Vivier (1948-1983) Hymen en die Nacht, intensément vécue. On la retrouve peu après avec Der Sommer de Ligeti (1923-2006), non moins prenant, tant le répertoire de la musique dite contemporaine, des plus rares dans les récitals de mélodies, appartient à sa belle vocation.
Lui succède, en première partie, le cycle Tel jour, telle nuit de Poulenc, éloquemment interprété par Ema Nikolovska (bien que d’une prononciation française parfois perfectible chez cette mezzo venue de Macédoine ayant grandi à Toronto). Reynaldo Hahn prend la suite avec trois mélodies (L’énamourée, Néère, Le printemps), cette fois-ci à la charge de la soprano Jeanne Gérard, distillées avec la tension et l’humour de circonstance.
Dernier des intervenant chanteurs, Yannis François, Franco-suisse né en Guadeloupe, se réserve la fin de soirée, avec Richard Strauss (Im Späboot), le Chevalier de Saint-George (Trois ariettes italiennes), Stravinsky (The Owl and the Pussy-Cat), ainsi que des détours du côté du jazz (The Tale de Meredith Monk), du chant traditionnel russe et d’un Canto Negro de Xavier Montsalvatge tout à fait approprié. Un répertoire inhabituel où la faconde du baryton basse s’exprime avec saveur.
(de g. à dr. ) Jeanne Gérard, Michalis Boliakis), Ema Nikolovska, Yannis François © Cédric Le Dantec / Agence Supernova
Entre-temps, retour à Poulenc avec le cycle Fiançailles pour rire offert par une Hannigan à son affaire dans ces mélodies changeantes. Une mélodie traditionnelle macédonienne revient à Ema Nikolovska, en prélude à Songs from the Exotic de la britannique Judith Weir (née en 1954) dans un anglais adapté et bien lancé pour notre mezzo. Ravel et ses Cinq mélodies populaires grecques, permet le retour de Jeanne Gérard dans un élan qui lui convient.
Un répertoire qui réussit aussi à Michalis Boliakis (jeune pianise grec, lui aussi issu du programme Equilibrium), qui accompagne la soirée de manière complice et très variée. Deux pages pour piano solo (Syrtos et Megali Sousta, ext. du recueil For a Little White Seashell, op. 1) de Mános Hadjidákis (1925-1994) démontrent ses qualités de virtuose aguerri. Un moment choisi, entre découvertes d’artistes prometteurs et copieux programme, parfois peu usité et souvent à découvrir.
Pierre-René Serna
(1) equilibrium-youngartists.com/
Paris, Salle Gaveau, L’instant lyrique, 27 septembre 2021.
Photo © Cédric Le Dantec / Agence Supernova
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