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Beatrice Rana en récital à la Fondation Vuitton – Belle maîtrise – Compte-rendu
Avec le Blumenstück op. 19 de Schumann – tendre rêverie dans l’esprit de la fameuse Arabesque – on pénètre dans le registre du romantisme à fleur de peau. La simplicité de ton et le charme retenu de la soliste demeurent quelque peu superficiels par le désir trop marqué d’accentuer les contrastes au détriment du lyrisme intime. Les Etudes Symphoniques op. 13 du pèchent par le même travers avec une succession d’humeurs trop tranchées. Cette page visionnaire devient une série de moments habilement agencés mais sans la dimension organique requise.
En revanche, après l’entracte, les Miroirs de Ravel montrent qualité de toucher, raffinement sonore et précision du détail ; seule Alborada del gracioso ne contient pas, malgré les glissandos spectaculaires, ce caractère de gravure à la pointe sèche que l’on attend. Dans la redoutable transcription réalisée en 1934 par Guido Agosti de trois pièces de L’Oiseau de feu de Stravinski, Béatrice Rana fait preuve d’une belle maîtrise et sait opposer à la poésie indicible éclat et fulgurance. Ce récital montre une artiste aux moyens déjà considérables et dont la réflexion sur son art ne demande qu’à s’épanouir.
Le prochain rendez-vous pianistique de la Fondation Louis Vuitton, le 9 mars, fera à nouveau place à un interprète italien avec Giuseppe Guarrera (26 ans).
Michel Le Naour
Récital de Giuseppe Guarrera le 9 mars 2018 : www.fondationlouisvuitton.fr/programmation-musicale/recital-piano-nouvelle-generation---giuseppe-guarrera.html
Photo © Marie Staggat
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