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The Beggar’s Opera au Théâtre des Bouffes du Nord - Le retour du célèbre inconnu - Compte-rendu
The Beggar’s Opera (« L’Opéra des gueux ») est une sorte de légende dans l’Histoire de l’opéra. Souvent cité dans les livres de musique, notamment à propos de la source de L’Opéra de quat’sous de Kurt Weil, mais bien peu donné ni encore moins représenté. On sait qu’il s’agit d’un ballad opera, genre lyrique britannique du XVIIIe siècle mêlant chant et dialogues parlés dans un esprit léger, écrit en 1728 par John Gay pour le livret avec une musique peu ou prou de Johann Christoph Pepusch. Le succès populaire allait être fulgurant à Londres en son temps, pour cette satire féroce qui plonge dans les bas-fonds d’un Londres interlope peuplé de marlous, putains et assassins.
© DR
Au cours des siècles suivants, l’œuvre devait tomber dans l’oubli et déserter les scènes, hors quelques apparitions dans des adaptations dont celle réalisée par Benjamin Britten en 1948. Cette nouvelle production, présentée au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris avant une vaste tournée dans 26 villes de France et d’Europe, avait ainsi tout pour attiser la curiosité. D’autant que l’œuvre est servie par deux noms prestigieux : Robert Carsen pour la mise en scène et William Christie pour la « conception musicale » (sic). Précisons donc, d’emblée, qu’il s’agit d’un arrangement de la pièce. C’est ainsi que Carsen et son dramaturge Ian Burton en livrent « une nouvelle version », modernisant le livret pour placer l’action de nos jours avec ses racailles actuelles, entre smartphones, force whisky, champagne et rails de coke. « Dans le sens de ce que Peter Brook [en ces mêmes Bouffes du Nord] a élaboré dans son travail de condensation sur l’opéra de Carmen à La Flûte enchantée », selon les mots de Carsen. Christie et ses musiciens des Arts Florissants se sont attachés pour leur part à réorchestrer et harmoniser la partition (quelque peu réduite). Tant il est vrai, aussi, qu’il semble difficile sinon impossible de se reposer sur une partition originale formellement authentifiée.
© Patrick Berger
La mise en scène, dans cette rigueur impeccable qui caractérise le travail de Carsen, se conforme à ce dessein, avec ses personnages grimés façon « caillera » (y compris les instrumentistes des Arts Flo) devant une accumulation de caisses en carton formant fond de scène ou se répartissant au sol suivant les péripéties de l’action. Au sein de cris, bruitages et mouvements millimétrés, en particulier lors des trépidantes chorégraphies (signées Rebecca Howell). Car la distribution des acteurs-chanteurs se recrute parmi des habitués britanniques du music hall, poussant bien la note et les répliques parlées, en anglais, comme les acrobaties dansées. Il serait alors vain de vouloir distinguer parmi la quinzaine d’intervenants, tous en juste situation. Relevons cependant Benjamin Purkiss, petite frappe Macheath et héros de l’histoire criant de vérité, ou le chant au joli legato de Kate Batter pour la pauvre Polly énamourée du beau Macheath, parmi d’autres voix plus grêles mais bien posées.
Car les morceaux chantés ne posent pas tant de difficultés, dans des chansons à la manière de ballades piquées de touches de folklore (écossais ou autre). Se signalent néanmoins des ensembles exécutés parfaitement pour les chants en groupe. Nul doute que la direction de Christie y est pour beaucoup, menant depuis son clavecin les chanteurs et les neuf instrumentistes de ses Arts Flo en petite formation. Un spectacle d’une immédiate séduction, n’était une musique simplette et facile parfois lassante, qui ne saurait se comparer à celle des grands compositeurs de l’époque baroque. Pepusch n’est pas Haendel ni Purcell, on s’en serait douté.
Pierre-René Serna
The Beggar’s Opera – Paris, Théâtre des Bouffes du Nord, 20 avril ; prochaines représentations les 24, 25, 26, 27, 28 avril, 2 et 3 mai 2018 // www.bouffesdunord.com/fr/calendrier/the-beggars-opera
Puis en tournée (tournée 2019-2020 encore en construction) : du 6 au 8 juillet, Spoleto Festival (Italie) ; du 16 au 19 août, Festival d’Édimbourg ; du 27 au 29 septembre, Grand Théâtre de Luxembourg ; du 3 au 7 octobre, Opéra des Nations à Genève ; 11 et 12 septembre, Centre lyrique de Clermont-Ferrand ;
19 et 20 octobre, Théâtre de Pise (Italie) ;
27 et 28 octobre, Novare (Italie) ; 1er et 2 novembre, Athènes ;
du 7 au 9 novembre, Grand Théâtre d’Angers ;
13 novembre, La Passerelle de Saint-Brieuc ;
16 et 17 novembre, Le Dôme de Saumur ;
20 novembre, Théâtre des Jacobins de Dinan ;
23 et 24 novembre, Théâtre Anne de Bretagne de Vannes ;
27 novembre, Théâtre de Saint-Nazaire ;
30 novembre et 1er décembre, Les Quinconces au Mans ; 4 et 5 décembre, Le Grand R à La Roche-sur-Yon ; 8 décembre, Théâtre de Laval ; du 11 au 15 décembre, Théâtre Graslin de Nantes ; du 19 au 21 décembre, Théâtre de Caen ;
du 11 au 13 janvier 2019, Opéra royal de Versailles ;
du 16 au 19 janvier, Opéra de Rennes ;
22 et 23 janvier, Théâtre de Cornouaille à Quimper ;
26 et 27 janvier, Opéra de Reims ;
2 et 3 février, Opéra de Massy ;
5 et 6 février, La Coursive à La Rochelle.
Photo © Patrick Berger
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