Non, ce ne sera pas sur une des scènes où on l’attendait – le TCE, Pleyel, le Châtelet - que le nouveau phénomène du piano britannique, Benjamin Grosvenor, 20 ans bientôt, donnera son premier concert parisien, mais dans le cadre idéalement intime à l’acoustique porteuse de la Salle du Conservatoire d’Art Dramatique, à l’initiative des Pianissimes.

Précédé d’une réputation flatteuse, et de deux récitals discographiques qui ont fait fureur, le jeune homme possède une virtuosité idéalement équilibrée par un sens musical aiguisé, et la carté de son toucher n’est pas sans évoquer celle de Clifford Curzon, du moins au disque. Le programme promis ne cesse d’intriguer, collection de pièces brèves : un ensemble d’œuvres de Bach dans des arrangements signés Kempff, Rummel, Siloti ou Saint-Saëns, voudrait nous ramener à l’âge d’or des pétrisseurs d’ivoire, quelques mazurkas et une valse de Scriabine semblent le confirmer.

Un seul cycle, les difficiles, pour le ton, l’exactitude rythmique, l’imaginaire sonore, Valses poétiques de Granados, si peu jouées au concert. Deux grandes Polonaises de Chopin montreront également l’artiste et le virtuose, qui dans la dernière pièce de la seconde partie – la transcription crème fouettée du Beau Danube bleu par Schulz-Evler - semble promettre une farandole de bis. Espérons-le. On pourra prolonger le plaisir avec le tout nouveau disque du pianiste, consacré à deux concertos français mais aussi à la Rhapsody in Blue (1).

Jean-Charles Hoffelé

(1) Ravel : Concerto en sol, Saint-Saëns : Concerto n°2, Gershwin : Rhapsody in Blue - Benjamin Grosvenor, Orchestre Philharmonique de Liverpool, dir. James Judd (Decca)

Récital de Benjamin Grosvenor
Œuvres de Bach (transc. Kempff, Rummel, Siloti, Saint-Saëns), Chopin, Scriabine, Granados, J. Strauss/Schulz-Evler
28 février – 20h
Paris - Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
www.lespianissimes.org/saison

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Photo : Sussie Ahlburg