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Caligula de Pagliardi au Théâtre de l’Athénée - Nouvelle réussite pour l’Arcal - Compte-rendu
Rendons d’abord à César ce qui lui revient et donc à l’Arcal l’initiative du Caligula qui vient de faire étape sur la scène de l’Athénée. Il y aura trente ans l’année prochaine qu’a été fondée par Christian Gangneron une compagnie de théâtre lyrique et musical qui, depuis l’origine, fait de la diffusion de ses productions dans les lieux les plus variés, spécialisés ou non, un axe essentiel de son activité. Après le long règne de C. Gangneron le passage de relai à Catherine Kollen en 2009 à la tête de l’Arcal constituait un moment forcément un peu délicat. Il faut se réjouir de la pleine réussite de cette transition : la qualité de la nouvelle production que l’on découvre - tout comme celle d’une magnifique Histoire du soldat mise en scène de Jean-Christophe Saïs la saison dernière (1) – l’atteste.
En résidence à l’Opéra de Reims, l’Arcal a su créer pour ce Caligula une fructueuse synergie avec les forces de la Région Champagne-Ardenne, en l’occurrence le Festival Mondial et l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières. Musique baroque et art de la marionnette font en effet cause commune dans un spectacle où les rôles du Caligula delirante (1672) de Giovanni Maria Pagliardi (1637-1702) sont tenus par des marionnettes siciliennes, les pupi (qui présentent la particularité d’être actionnées par des tringles et non des fils), manipulées par l’un des dernier représentants de cette tradition, Mimmo Cuticchio, et son équipe, tandis que les chanteurs placés de chaque côté de la scène leur prêtent voix.
Caligula delirante : riche en rebondissements, la jolie partition de Pagliardi (livret de Domenico Gisberti) se prête à une mise en scène pleine de vie et de poétique fantaisie d’Alexandra Rübner. Elle tire le meilleur parti du subtil travail de marionnettistes (les pupari) dont l’art multiséculaire est d’abord associé à des sujets épiques et chevaleresques.
Ce Caligula est comme parenthèse dans un monde bruyant et agité, une bouffée d’air pur, une invitation à l’émerveillement, qui vient éveiller la part d’âme d’enfant que chacun garde en soi.
Une réussite à la laquelle la partie musicale contribue largement aussi. Vincent Dumestre (à l’origine de la redécouverte de la partition de Pagliardi à la Bibliothèque Marciana de Venise), et ses musiciens soignent les couleurs d’une composition sortie d’un long oubli. Côté vocal, on ne peut que saluer l’exceptionnelle homogénéité d’une distribution où Jan van Elsacker (Caligula), Florian Götz (Artabano/ Domitio), Caroline Meng (Cesonia) et Luanda Siqueira (Teosena), Jean-François Lombard (Tigrane/Claudio) et Sergio Goubioud (Gelsa/Nesbo) se prêtent tous avec beaucoup de sensibilité au rôle de porte-voix des pupi de Mimmo Cuticchio.
Alain Cochard
(1)On retrouvera ce spectacle pour six représentations, du 16 au 22 juin 2012 à Paris, sur la scène de l’Athénée
Pagliardi : Caligula – Paris, Théâtre de l’Athénée, 8 mars 2012, prochaines représentations au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine le 23 mars (à 14h 30 et 21h).
Reprise du spectacle durant la saison 2012-2013 (dates communiquées ultérieurement)
Site de l’Arcal : www.arcal-lyrique.fr
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Photo : DR
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