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Carmina latina par Leonardo García Alarcón à la Salle Gaveau - À la découverte des Amériques baroques - Compte-rendu
C’est le dernier concert concocté par Leonardo García Alarcón (photo) : Carmina latina, des chants latins, mais plus précisément ancrés dans cette Amérique latine d’où provient notre bouillant chef d’orchestre. Un émoustillant programme qui associe les noms connus ou relativement connus de Mateo Romero, Juan de Araujo, Tomás Torrejón y Velasco, Tomás Luis de Victoria et Mateo Flecha, ou quasi inconnus de Gaspar Fernández et Diego José de Salazar. Autant de compositeurs des XVIIe et XVIIIe siècles hispaniques ou lusitaniens, qui ont essaimé de l’autre côté de l’Atlantique.
Les œuvres présentées n’en constituent pas moins un florilège de pages peu ou pas explorées. Où l’on reconnaît cet inlassable chercheur et découvreur qu’est García Alarcón. C’est ainsi qu’alternent des pièces d’inspiration religieuse, d’une étonnante complexité polyphonique (chez Torrejón, Fernández, Correa de Araujo ou Victoria), et des pièces chantées profanes sur des sujets et rythmes enlevés – qui préfigurent ces musiques « latino » dont ce continent a la spécialité. Une forme d’éclectisme de bon aloi, pour aller à l’approche et à la découverte de tout un répertoire dormant dans les archives et que l’on ne saurait réduire à des schémas.
Emiliano Gonzalez Toro (à dr.) © Claire Pain
Connaissant la qualité des intervenants, les solistes de Capella Mediterranea et du Chœur de chambre de Namur, l’ensemble instrumental Clematis et le chef, ce répertoire est ici restitué au mieux. Depuis des sections à grand renfort d’effectifs, mais aux sonorités distinctement détachées, à des parties en solo d’un lyrisme prenant. Mariana Flores (madame García Alarcón à la ville) et Emiliano Gonzalez Toro réservent à cet égard un phrasé et un abattage digne de la belle réputation de ces chanteurs. Appelés qu’ils sont à s’exprimer solitairement à différents moments, à l’instar de tout un chacun parmi une distribution vocale et instrumentale d’excellence. Puisque telle est la vertu de ces œuvres d’une facture infiniment diversifiée, et de leurs serviteurs, sous une direction impérieuse.
La soirée finit dans le divertissement, avec en bis de traditionnelles chansons sud-américaines (La flor de la canela du Péruvien Chabuca Grande, Alfonsina y el mar de l’Argentin Arial Ramírez) et même un petit intermède dansé faussement improvisé par un couple des musiciens, à la manière d’une Sévillane (danse de Séville, comme son nom l’indique, immiscée dans cet hommage aux Amériques latines). Pour achever sur la touche festive qu’appelle la circonstance. Seule fausse note : le programme de salle, avec des poncifs parsemant le texte de présentation, agrémentés de fautes de traduction pour les textes chantés reproduits (l’un et les autres textes repris de la plaquette du disque éponyme chez Ricercar). On ne saurait être parfait en tout !
Pierre-René Serna
Paris, Salle Gaveau, 15 décembre 2015
Photo Leonardo García Alarcón © CCR Ambronay / B. Pichène
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