Apprécié dans le monde entier (Vienne, Tokyo et Londres l’attendent dans les semaines qui viennent), Cédric Tiberghien, paradoxalement, se produit relativement peu sur les scènes parisiennes. Coup sur coup, après une prestation remarquée dans le 2ème Concerto pour piano et de Beethoven avec l’Orchestre national d’Île-de-France et Enrique Mazzola (1), il revient en ce même mois au TCE, invité par Jeanine Roze dans la série des Concerts du Dimanche matin. Une aubaine qu’il ne fallait pas manquer !
 
Dans la Sonate « Waldstein » de Beethoven (un compositeur que Tiberghien remet sans cesse sur le métier), l’équilibre du jeu, la conception organique du discours, la profondeur de la réflexion portent la marque d’un interprète au goût sûr qui sait d’emblée capter le public. Le soliste fait preuve de la même magie sonore tout au long des 3 Burlesques de Bartók (1910) très debussystes de ton : mystère, richesse du toucher, ardeur du rythme rendent parfaitement justice à ces miniatures finement innervées.

Les dix Danses hongroises (2), dont Brahms réalisa l’adaptation à deux mains pour l’éditeur Simrock, possèdent panache, énergie (quelle main gauche !), pulsation (ces accélérations de pur sang ...), tendresse aussi, sans qu’à aucun moment l’interprète ne cède à l’effet, à la démonstration. Une passionnante lecture superbement exécutée qui appelle deux bis ductiles et intériorisés (le Prélude en si mineur de Chopin et celui, dans la même tonalité, de J-S. Bach dans la transcription de Siloti). Une merveille d’intelligence et de sensibilité.
 
Michel Le Naour

(1)Lire le CR : http://www.concertclassic.com/article/cedric-tiberghien-enrique-mazzola-et-lorchestre-national-dile-de-france-la-philharmonie
(2) Cédric Tiberghien a signé un très bel enregistrement des 10 Danses hongroises au sein d’un récital brahmsien comprenant en outre les Klavierstücke op. 76 et les Valses op. 39  (Harmonia Mundi - HMC 902015)
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 21 février 2016